Contrairement à ce que semble vendre sa bande-annonce, l'intérêt du dernier film d'Atom Egoyan (Exotica, La Vérité Nue) n'est pas de savoir si, oui ou non, le mari (Liam Neeson) trompe sa femme (Julianne Moore), mais réside bien dans cette dernière, alors en pleine crise existentielle. Le manque de confiance qu'elle éprouve envers son mari se transforme en pleine auto-réflexivité, intelligemment amenée, et qui se suit avec une boule à l'estomac croissante. Même si Julianne Moore, comme d'accoutumée, a une grande classe et une forte présence à l'écran, c'est bien la petite Amanda Seyfried – la petite de Mamma Mia! (sic) – qui vampirise le spectateur, par la passion et la chaleur quasi-hypnotiques qui l'habitent.
Egoyan joue sur la paranoïa et l'obsession pour créer des rapports entre les personnages intéressants, mais aussi pour que le spectateur soit amené à partager les mêmes doutes dont sont assaillis les personnages. Bien qu'elle puisse paraître un poil trop précipitée, la dernière partie constitue le paroxysme d'une tension au rythme progressif, dont pourrait jouir un thriller bien construit. Par ailleurs, le film d'Egoyan se clôt d'une façon proche de ce genre de films, accompagné d'un magnifique plan de chute, lyrique, où le dernier regard qu'on nous jette émeut par son ambigüité. Egoyan creuse donc le malaise, en usant de personnages évoluant dans un univers malsain, ainsi que d'une sensualité folle, tout en ayant recours à une réalisation d'une sobriété déroutante, que quelques traits brisent violemment, tel que ce regard-caméra, d'une violence inouïe.