Roschdy Zem, acteur connu mais aussi réalisateur avec 4 films au compteur. Le Roschdy réalisateur a toujours les mêmes méthodes, les mêmes défauts de réalisation: sujet fédérateur, acteurs impliqués, réalisation très téléfilm, l'envie de bien faire malgré un manque de talent. Je suis direct, froid et méchant, je vous l'accorde!! Je constate quand même que le garçon a beaucoup d'envie, de générosité et le besoin de raconter des histoire sur la différence, ses conséquences mais aussi tout ce que celle ci peut apporter aux gens: l'humanité dans toute sa complexité. Tout cela est très louable, positif mais encore faut il avoir les moyens de son ambition. En 2006, il nous parlait de la différence de religion et de coutumes dans un couple pour une comédie romantique «Mauvaise Foi». En 2011, il s'attaque à l'affaire Omar Raddad pour ce qui est son film le plus abouti selon moi, «Omar m'a tuer», une histoire sur le destin tragique de celui que tout le monde accuse. En 2014, il nous parle de famille, de relations compliquées entre un fils et son père et une entrée dans un monde dont on se moque assez facilement, le bobybuilding, dans «Bodybuilder».
Nous sommes en 2016, Roschdy Zem nous présente «Chocolat», son nouveau projet sur un sujet assez fort et puissant: la vie du premier artiste noir, Chocolat, clown de profession à la fin du 19eme siècle. L'idée de ce film est de mettre en avant la vie d'un artiste dont le grand public ignore l'existence afin de lui rendre hommage avec la volonté de montrer les mœurs de l’époque vis à vis des noirs. Louable, encore une fois et découverte totale pour ma part. Omar Sy, un des acteurs les plus aimés des français, a été choisi pour le rôle et j'allais dire logique mais c'est horrible à dire car les acteurs noirs dans le cinéma français sont aussi rares que le personnage de Chocolat à son époque. «Chocolat» est un film qui ne rend pas seulement hommage à ce clown noir mais aussi à Footit, un autre clown à succès de l’époque avec qui Chocolat formait un duo, interprété par un acteur intéressant et bien plus constant dans le jeu qu'Omar Sy, un certain James Thierrée. Un acteur de théâtre, de scène qui colle parfaitement à l'univers du film: le cirque!!!
Dans «Chocolat», on nous invite en effet à entrer dans l'univers du cirque, du petit cirque fauché de province au Nouveau Cirque, véritable institution à l'époque. De la rencontre entre les deux clowns à la gloire et au succès de leurs numéros, «Chocolat» nous montre également le vice, la soif de reconnaissance et la différence de traitement entre les noirs et des blancs à travers son héros, Chocolat. Roschdy rend hommage au cirque, à son premier clown noir à travers son cinéma. Aprés tout, le cirque a beaucoup donné au cinéma: Mélies était un magicien, Chaplin et Buster Keaton étaient des véritables clowns sur pellicule. Bel hommage indirect à cet art de la scène sans non plus tomber dans le naïf.
Malheureusement, j'ai trouvé le tout très fade, sans aucun fulgurance de réalisation, ni même de la poésie pour donner plus d'impact aux passages les plus dramatiques de ce long métrage... On sent la volonté de rendre hommage, d'être impliqué mais j'ai trouvé Omar Sy très en dessous de son alter-égo clownesque. Le plus gros défaut de Zem réalisateur, le coté téléfilm dans la photographie et les idées de plans, le fait de filmer les scènes de cirques comme les scènes de vie en ne rajoutant seulement que des lumières factices et chaudes qui renvoient à l'art du spectacle et à ses projecteurs.
A voir? Pour connaître l'histoire du premier clown noir mais dans un film sans saveurs, c'est con pour un film qui se nomme … «Chocolat»!!!