Une bonne curiosité que ce film de propagande typiquement japonais au point d'avoir été étudié par les américains au début de conflit pour comprendre les spécificités culturelles du pays qui privilégiait les chroniques sociales et intimistes aux réalisations belliqueuses traditionnelles.
Ici, en effet la première moitié du récit est consacrée au quotidien de cette famille conventionnelle, presque anonyme. Le père n'a rien d'un gros bras, n'est pas enthousiaste d'aller en découdre avec les ennemis du pays, il n'est pas vraiment courageux etc... En fait la guerre est à peine évoquée durant les 40 premières minutes au point qu'on se demande quels sont les enjeux et ce que raconte le film.
C'est donc une fois que ce père de famille est envoyé sur le front que Chocolat et soldats débute vraiment avec cette famille bientôt séparée et dans l'attente de nouvelles. Le père passe en réalité plus de temps à récolter les papiers de chocolats pour son fils, créant bientôt un mouvement de solidarité chez ses frères d'armes qui les récoltent pour lui... Ce qui émeut beaucoup les employées et le directeur de la société qui fabriquent le chocolat.
On se doute de la suite à suivre (le papa va mourir sur le front, le fils va refuser de toucher aux plaquettes de chocolats gratuites du programme de fidélité, veut s'engager comme dans l'armée pour venger son père et la solidarité va continuer au sein de l’entreprise de confiserie).
Il faut reconnaître que ce genre de parti pris est plutôt réussi et efficace. On s'attache aux personnages, à la simplicité et la chaleur qui se dégagent de l'atmosphère, avant de s'émouvoir du dernier quart d'heure tout en reconnaissant sa dimension nationaliste et propagandiste, souvent bien intégré au récit et cohérente dans l'évolution des personnages (qui sont plus schématiques pour les seconds rôles).
Il est juste un peu dommage que la mise en scène de Takeshi Sato (première découverte du cinéaste pour moi) soit un peu trop effacée et impersonnelle. Il y a bien une certaine sensibilité mais on ne retrouve pas la délicatesse et l'intelligence d'un Naruse auquel on pense un peu (en plus d'Hideko Takamine toute jeune) et qui l'année suivante réalisait un magnifique moyen-métrage de propagande encore plus humain et touchant : un visage inoubliable.