Pas difficile de voir où Chœur de rockers veut nous entraîner : sur un terrain que le cinéma britannique, par exemple, a déjà bien défriché, avec des marins pêcheurs ou des femmes de soldat, pour ceux qui reconnaîtront deux feel good movies récents. L'odyssée dunkerquoise de ces séniors chanteurs vient d'une histoire vraie, sans doute un peu romancée, mais pas tant que cela, et visiblement toujours dans l'esprit de cette joyeuse troupe plus attirée par le rock que par les chansons traditionnelles de notre terroir. C'est un film dont on a peur de connaître tout à l'avance, y compris cette antienne du "vivre ensemble", mais le film évite fort heureusement de verser dans la pure candeur, s'efforçant de ne donner aucune leçon de morale et réussissant à trouver l'équilibre entre le collectif et l'individuel, permettant ainsi à quelques figures particulières d'émerger, incarnées notamment par une ébouriffante Andréa Ferréol et une Mathilde Seigner en forme olympique. Il y a bien ici ou là quelques blagues faciles mais Chœur de rockers montre une belle tenue et une vitalité indéniable, dans son ensemble, avec un sens du rythme qui ne s'applique pas seulement aux morceaux qui incitent à taper du pied (Clash) ou à s'émouvoir (Bowie). Un film sans prétention aucune sur le plan du style mais dont la part d'humanité, joliment distillée, suffit sur l'instant au bonheur simple du spectateur.