Choke nous raconte la vie de Victor Mancini, sex addict et figurant dans un musée vivant. Sa spécialité : s'étouffer en public, dans un restaurant, afin qu'un autre client du lieu lui fasse une manœuvre de Heimlich, et lui soit reconnaissant à vie de lui avoir sauvé la vie, le mettant en position de héros. En outre, Victor paie l'hôpital psychiatrique dans lequel sa mère réside (complètement givrée à cause d'Alzheimer)...
Un nouveau roman culte de Chuck Palahniuk est mis à l'écran, neuf ans après le sublime Fight Club de David Fincher. Clark Gregg s'occupe de massacrer l'univers de l'œuvre du romancier satirique américain. Prenons une bombe littéraire, et faisons-en du mauvais cinéma! Malgré le charme charismatique relatif de l'acteur principal Sam Rockwell (avec un petit côté Edward Norton), le réalisateur n'arrive pas à retranscrire à l'image l'univers foldingue, chaud, violent, drôle et psychologique du livre. Dans un premier temps, il découd les chapitres de Palahniuk à sa manière, les mélangeant au gré du hasard, afin qu'on ne puisse pas comprendre exactement de quoi il s'agit. Palahniuk aime jouer avec le lecteur, en nous offrant à lire des livres aux premiers abords déstructurés, mais au résultat logique et judicieux. Dans l'adaptation ciné, le suspens n'est plus là. La fin, aussi sympathique soit-elle (bercée par Reckoner de Radiohead), est tout ce qu'il y a de plus prévisible. Les situations déjantées qui s'enchaînent ne laissent aucune place à la surprise, et le spectateur reste sur sa faim. Cependant, Clark Gregg aura réussi à ne pas faire pire que la traduction française du roman, signée Freddy Michalski (au passage, ne lisez pas la traduction de Monstres Invisibles par celui-là : un vrai déchet).
Derrière le film, le conte
Choke est un moyen intéressant de faire le point, à l'instar du personnage principal, Victor Mancini, et de son meilleur ami Denny. Avec ce film (plus particulièrement le livre), on fait un voyage intérieur, afin d'y découvrir l'essence de la vie, de notre existence. On apprend petit à petit à se détacher du rôle que la société nous impose, de la vision de nous-même qu'elle désire que l'on ait, qui décide de notre degré de folie, qui régit notre vie. Choke est une thérapie visuelle qui à travers une ambiance romantique et optimiste veut nous faire réagir, et comprendre qu'on a tous le droit de faire des erreurs, erreurs qui nous construisent et font de nous ceux que nous sommes. De plus, le film porte le message de l'amour, le vrai, transcendant à tout autre sentiment (un petit côté religieux aime ton prochain comme toi-même).
Voilà ce que j'ai compris : on n'est ni des pêcheurs malfaisants, ni des copies conforme de Dieu. On laisse les autres nous dire si on est des saints ou des accros du sexe, si on est fou ou saint d'esprit, si on est victime ou bourreau, si on est une mère modèle ou un fils affectueux. Mais c'est à nous de décider qui on est. Et comme m'a dit une fois une certaine fugitive plein de sagesse : parfois l'important c'est le résultat, et non la façon d'y arriver.