Choron dernière par NicoBax
Sacré bonhomme le père Choron. Complètement allumé. Ancien enfant de choeur, ancien militaire, c'est en anar' libidineux, alcoolique et provocateur qu'il terminera sa vie. Le documentaire de Pierre Carles n'a pas vraiment pour but de retracer le parcours du chauve au col roulé (et non je ne parle pas de sa bite... qu'on voit évidemment plusieurs fois, notamment à l'hôpital, un drain planté dedans suite à une opération pour en virer les polypes).
Le montage est assez surprenant (dans le meilleur des cas, le reste du temps, je l'ai trouvé laborieux). Après avoir assisté au "Droit de réponse" suite à la disparition de Charlie, on va ensuite voir les "nouveaux" de Charlie Hebdo (ceux de l'autre sac à merde de Philippe Val) pour recueillir des réactions suite au décès de Choron. On sent qu'il n'a pas laissé que des amis derrière lui : la raclure à mâchoire carrée en tête mais aussi Wolinski ou Cabu lui en veulent encore beaucoup. Pour avoir causé la faillite de Charlie Hebdo dans les années 80 (Choron gestionnaire, ça fait rigoler oui) puis pour avoir tenté d'empêcher sa renaissance dans les années 90 à coups de procès qu'il a tous perdus.
Il n'y a que Cavanna parmi ses contemporains qui lui tresse encore des lauriers. On sent qu'une véritable et profonde amitié a lié les 2 hommes pendant des décennies malgré les coups de gueule et les erreurs de chacun. Sans doute le moment le plus touchant du docu. Et puis il y a les "Choronniens" qui préfèreraient crever plutôt que d'aller bosser pour Val, qui défendent Choron et son œuvre : ses chansons, ses pubs et sa faculté à faire sortir le meilleur d'eux mêmes aux dessinateurs qu'il avait sous son aile.
Et puis le docu suit Choron lui même (surprenant d'avoir passé la moitié du docu à parler de sa mort pour regarder la suite en le suivant), dans ses provocations, dans le village de son enfance (Groland quand tu nous tiens... "La campagne, ça conserve il parait" ahah). Au milieu des tonnes de provocation du bonhomme se dessine malgré tout une véritable philosophie de vie, de véritables considérations à propos de la société, de la liberté, de la mort, de l'humour... Choron, c'était pas que pipi-caca-ma-bite.
Une fois le documentaire terminé, on comprend le choix du montage : ne pas finir sur une mauvaise impression, sur l'image d'un Choron gâteux, autodestructeur, tyrannique, agressif et "juste" provocateur. Choron c'était aussi de la poésie et de la tendresse. Certes, pas celle qu'on a l'habitude de côtoyer mais je pense que c'était sincèrement ça pour lui. Pas toujours, au quotidien il devait être invivable et potentiellement un véritable sale con. Mais toujours moins que Philippe Val.