Chouf par Quintin Leneveu

Dans la lignée de son film "Khamsa", Karim Dridi retrouve les quartiers nord de Marseille et dresse un portrait intimiste des dealer locaux.
En choisissant ce quartier, Dridi savait très bien où il mettait les pieds, et ça se voit. L'endroit est le lieu de nombreux échanges de coups de feux et autres joyeuseté amené par le trafic de drogues. Pourtant, plutôt que de verser dans le genre comme avait put le faire Audiard avec "Dheepan", Dridi choisi le portrait plus proche et naturel de la "faunes" locales. Il accompagne alors Sofiane dans son retour au quartier puis son entrée lente dans le trafic de drogue suite à la mort de son frère. Cette direction permet non seulement de montrer l'intérieur du trafic mais, surtout, de nous présenter une galerie de personnages certes détestables mais rendu attachant grâce à un travail sur leur environnement et leur background. De fait, on s'attache, dans la mesure où cela est humainement possible, à ces antihéros et on suit leurs histoires avec intérêt, d'autant plus quand Sofiane, étudiant en commerce, applique ce qu'il a appris à l'école pour le trafic.
Pourtant, le film présente un soucis majeur : son scénario est beaucoup trop mince pour tenir sur 110 minutes. On a parfois l'impression que l'ensemble, à trop vouloir documenté la réalité, noie une intrigue somme toute assez mince (la quête de vengeance de Sofiane). De ce fait, on s'ennui assez souvent devant ce film qui n'en reste pourtant pas moins intéressant. Dommage.
Côté acteur, l'ensemble du cast est à un niveau plus que correct, donnant, par le langage et l'attitude, une vraie impression de réalisme à cette histoire.
Au final, "Chouf" est un film intéressant pour sa representation des quartiers nord de Marseille mais qui souffre de problèmes de rythmes et de narration empêchant le film de parvenir à tout ses objectifs, notamment celui de passionné le spectateur.