J’aime bien Joe Begos. Bon, son Almost Human (2013) était bien pourri comme il faut mais son VFW (2019) était vraiment très cool et son Bliss (2019) des plus intéressants. Du coup, c’est un réalisateur que je suis et en cette période de Noël, je vais vous parler de son nouveau film vu que la thématique est de saison. Christmas Bloody Christmas s’inscrit dans la tradition des films d’horreur de Noël comme il y en a chaque année. Rien qu’en 2022, on pourrait également citer Violent Night de Tommy Wirkola ou encore The Mean One. Sauf que Joe Begos va faire de son Santa Claus un robot tueur impitoyable. Quand le slasher de Noël rencontre Terminator, ça donne Christmas Bloody Christmas, un film qui avec son titre nous fait deux promesses : il va être question de Noël, et ça va être sanglant. Autant le dire tout de suite, ces promesses vont être respectées et bien qu’on soit ici dans un slasher au final assez stupide (le film en est conscient), ce qu’il fait, il le fait bien.


Un film qui met en scène un robot Père Noël tueur avec des yeux lasers verts ne peut pas se prendre trop au sérieux et dès les premières minutes, avec une série de fausses publicités cyniques façon Starship Troopers, cela nous est annoncé. Parmi ces publicités, une nous présente une technologie militaire de super robot qui a été mise au service de Noël afin de remplacer ces Père Noël alcooliques qui jonchent les supermarchés en cette période de l’année. Sauf que voilà, il semblerait que ces robots Père Noël rencontrent quelques défaillances car leur programme intégré de Noël se serait réinitialisé pour retrouver leur programme d’origine, celui de l’armée et d’arme implacable. Et donc forcément, alors qu’un de ses robots est en présentation dans un magasin de jouets, il va se réinitialiser et commencer à exploser des crânes à grand coups de hache de pompier. Mais avant ça, Christmas Bloody Christmas va nous présenter ses personnages principaux, deux marginaux qui n’aiment pas l’esprit de Noël, qui balancent des jurons à tout va, qui ne font que râler et qui préfèrent s’enquiller des verres de whisky plutôt que de penser aux cadeaux. Il faut avouer qu’ils ne sont guère sympathiques mais, la relation qui se développe entre eux est plutôt crédible et bien mise en place. Les dialogues sont fluides et animés, leur flirt semble spontané et authentique, et on s’identifie malgré tout à eux en partie grâce à un jeu d’acteur étonnement naturel. Cette mise en place est clairement trop longue et le film a un peu du mal à démarrer au point qu’on se demande si le « bloody » du titre va arriver un jour. Mais lorsque ça se réveille, ça se réveille et ça n’arrête pas. La dernière demi-heure est un concentré d’action et de tension car, après une ambiance cool et décontract dans sa première partie, le film effectue un virage à 180° et devient plus lourd, plus tendu, plus sérieux. A partir de là, notre Père Noël Terminator va commencer son carnage. Il coupe des corps en deux, éclate des têtes contre des vitrines ou contre une marche d’escalier avec sa paire de Dr Martens, crève des yeux et, comme il refuse de faire du favoritisme, il découpe aussi des enfants de 8 ans à la hache. Il charcute tout ce qui lui passe sous la main dans de merveilleux moments bien gores tout en effets practicals car Begos n’affectionne pas les CGI.


Le réalisateur n’a clairement pas eu un gros budget, mais il utilise parfaitement chaque dollar avec une bonne partie qui a été réservée aux effets pratiques, aussi bien pour le gore que pour le robot lorsque ce dernier commence à être sacrément abîmé. Une fois de plus, on sent l’amour du réalisateur pour les néons et les couleurs vives comme dans ses précédents films. Mais ici, c’est tellement radical comme choix visuel que l’ambiance devient parfois volontairement malaisante, comme pour donner à Noël un côté dérangeant. La mise en scène est assez nerveuse, avec une caméra très souvent à l’épaule. C’est filmé comme si on était au milieu d’une zone de guerre, avec des plans très intéressants et le grain prononcé de l’image donne une ambiance encore plus underground, encore plus punk, à l’instar des personnages. Occupant tous les postes (Réalisateur, scénariste, producteur), Begos va citer nombreuses de ses références, aussi bien les Contes de la Crypte, Black Christmas, Simetierre que Killers Delight. A l’instar de Scream 1 et 2, les personnages débattent sur les films d’horreur, sur par exemple lequel est le meilleur entre Simetierre 1 et 2 ou Blair Witch 1 et 2, et en profite pour mettre un tacle bien cinglant aux films estampillés Blumhouse Productions. Begos aime le cinéma d’horreur à l’ancienne, le cinéma d’horreur des années 80 et il le fait savoir à chaque instant, aussi bien dans l’univers visuel (les néons), sonore (la bande son composée de riffs rock des 80’s et de synthé) que dans cette réelle envie que tout semble palpable, jusque dans son robot, quitte à faire un final bien kitchos digne des séries B de SF fauchées de l’époque. Alors oui, il y a des incohérences à la pelle, comme ce Père Noël robot qui n’a clairement pas suffisamment la démarche d’un robot (mettre des bruitages robotiques ne suffit pas toujours) alors qu’il tient clairement du Terminator avec son côté increvable. On pourrait également relever que normalement, si on électrocute quelqu’un qui te tient, tu es forcément électrocuté aussi. Mais ça serait chipoter pour pas grand-chose et force est de constater que le produit final est sacrément amusant et c’était bien là le but recherché par Joe Begos.


Production destinée à la plateforme de SVOD américaine Shudder, Christmas Bloody Christmas est un slasher de Noël qui ne se prend pas au sérieux avec son Père Noël robot tueur qui charcle à tout va. C’est crétin, c’est fun, ça passe tout seul, ce n’est pas très profond mais ça fait du bien.


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-christmas-bloody-christmas-de-joe-begos-2022/

cherycok
7
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le 23 janv. 2023

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