Les romances ont cette contrainte qu'il faut un certain temps pour qu'un spectateur extérieur puisse s'y impliquer émotionnellement parlant. Il est alors d'autant plus complexe de mettre en scène l'amour et la romance dans un cadre aussi resserré que celui du court métrage. Cela n'effraie pas les artistes comme Tom Brown et son Christiopher at Sea, un court métrage dans la short liste pour le césars du meilleur court métrage d'animation.
Le film transpire d'une singularité et d'une poésie qui ne laisse pas indifférent. Avec ses couleurs et ses traits, entre l'illustration de journal, la toile impressionniste et la pure expérience psychédélique, le film est très enivrant. On retrouve presque une forme de perdition mentale et physique qu'on peut retrouver dans des films avec un cadre marin comme The Lighthouse de Robert Egger, dans une atmosphère presque méditatif à la manière d'une Colline aux Coquelicots. On est tout aussi perdu et curieux que le personnage principal qui, coupé du reste de l'équipage par la barrière de la langue (que peine à franchir les différents membres d'équipages), va se reconnecter à travers la compagnie d'Hommes des mers, avec tout l'exotisme et la beauté qui peut en découler. Malgré certains designs et moments de mise en scène parfois tendancieux (du moins trop pour vendre la mèche du "bouquet final"), on est amené à flotter entre deux eaux avant de pencher petit à petit à la dérive, et on vit cette plongé avec beaucoup de fascination.
Le soucis étant que le cadre très resserré du court métrage gâche parfois la poésie de l'implicite pour tremper (littéralement) dans du concret un peu trop cru, tout en manquant de finesse. L'état mentale de ce voyageur poète évolue trop rapidement par rapport à la balade spirituel et subtile qui s'est établi en début de film, et on a un sentiment de rush qui n'est dommageable. Enfin, sans doute pour créer plus de complexité émotionnelle, on a l'intervention d'une tiers personne dans la relation intime fantasmé par ce voyageur qui n'apporte pas grand chose. Sans doute que le film aurait pu se terminer sur la même conclusion, tout en évitant que l'on ait l'impression que le film utilise un cliché qui ne sert pas à grand chose pour ce que cela apporte. Il n'en reste pas moins un beau film, manquant parfois de finesse, mais ne manquant pas d'amour pour ses personnages.
14,25/20
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