Si l’on devait trouver un point fort à ce film, en plus d’être assez étrange pour ne pas nous endormir, c’est l’évolution du personnage principal plutôt réussie, avec une révélation progressive de son passé.
C’est tout. La lenteur malsaine des plans fixement longs (ça en devient une manie dans ce festival) nous fait largement et désagréablement penser qu’ils ne sont là que pour choquer, sans aucun fond. L’émotion n’est jamais là ; donc on s’ennuie. Le seul moment où la porte de l’émotion s’entrouvre, c’est quand elle survient de la part d’une malade. Pourtant Franco détruit tout espoir d’être ému en faisant du hors-champ. Peut-être que ça veut dire quelque chose ; mais quoi ? Rien n’est clair, tout est dénué d’explication.
La fin est d’ailleurs le paroxysme de cette nudité scénaristique (le comble pour le meilleur scénario du palmarès Cannes 2015) ;Nun travelling arrière de deux minutes où l’attente de la mort du personnage est longue (oui, parce qu’elle est attendue comme on attend un bus). Soit. Et alors ? Les fantasmes scénaristiques seraient de croire en une punition inévitable du destin pour avoir euthanasié son dernier patient… Quel fantasme ! Devrions-nous applaudir cette fin facile qui n’exprime le choc que pour le choc ?
Au début, l’un des patients parle de la pornographie (encore du malsain) comme de « l’art » ; *Chronic* se serait-il fait dépasser par de la pornographie ?