L'ère où les films en caméra subjective (c'est-à-dire dans lesquels les personnages filment eux-mêmes les événements) n'est plus à la mode ne semble pas encore arrivée. "Chronicle" s'ajoute ainsi à la liste de ces productions (re)devenues en vogue depuis "The Blair Witch Project" et autres "[Rec]", qui semblent profiter de leur approche ''directe'' et immersive pour aspirer les spectateurs en quête de sensations dans la fiction. Cela dit, le film de Josh Trank s'affilie cette fois-ci plus du côté du fantastique que de l'horreur, en dépeignant ces trois collégiens qui acquièrent par hasard le don de télékinésie.
Malgré un pitch mystérieux et une direction intéressante, "Chronicle" n'offre malheureusement aucun réel intérêt scénaristique. Les personnages s'inscrivent tous dans une structure déjà maintes fois établies, et évoluent de manière tristement prévisible. Le réalisateur apporte cependant une petite nouveauté concernant la caméra elle-même, concernant sa position et ses déplacements. En effet, au lieu d'être foncièrement attachée à un personnage qui n'existe que par sa voix (le personnage qui filme), la caméra ici s'affranchit des contraintes physiques, puisqu'elle s'avère aussi mue par la télékinésie des personnages. Ainsi, elle est désormais aussi capable de virevolter dans les airs, capturant tous les protagonistes d'un seul plan et à tout instant. Une excuse pour quitter quelque peu les contraintes de la caméra subjective, mais qui rafraîchit néanmoins la narration et sa mise en images.
Outre cet intérêt narratif et technique, force est d'avouer que "Chronicle" se suit sans grand intérêt. Pas très différent d'un "Hollow Man", avec ces jeunes profitant de manière puérile de leur nouveau pouvoir comme d'un jouet, le film se dirige sans surprise vers une fin rappelant le grand final métaphysique de l'anime japonais "Akira". Les caractéristiques humaines des protagonistes agacent plus qu'elles ne créent de l'empathie, ce que les effets spéciaux (globalement réussis) ne parviennent pas à nous faire oublier. "Chronicle" s'avère donc être l'un de ces projets intéressants sur papier mais qui se révèlent bien moins originaux que ce qu'ils veulent faire croire. Dommage, c'était pourtant prometteur.