Trois garçons dans le vent
Nuit blanche à Seattle, où trois garçons ordinaires font une découverte qui va bouleverser leur quotidien. Josh Trank, pour son premier film, choisit de mixer le film de super héros avec le concept de "found footage", un choix osé qui augurait, sur le papier, d'une production pas comme les autres. Qu'en est-il en pratique?
Le plus grand adversaire de ce film : sa bande annonce... Vous l'avez vu? Alors, inutile de dépenser une fortune, vous avez déjà tout vu. Et oui, on pouvait le craindre, et le constat s'impose à la fin de la projection, le film n'est rien de plus qu'une version longue de la bande annonce. Le concept se tiendrait bien pour un court, voire un moyen métrage, mais le scénario est un peu trop léger pour captiver pendant une heure et demie. Le principe d'un bon film de super héros est justement ce qui manque à Chronicle : l'éternelle hésitation de l'heureux élu face à ses nouveaux pouvoirs, et le questionnement sur sa légitimité à faire le bien ou le mal, selon son état d'esprit.
Ici, point de tout cela. La question morale de l'utilisation des pouvoirs est expédiée en deux secondes lors d'une scène (l'accident de voiture, vue dans la bande annonce) qui apparaît un peu comme un cheveu sur la soupe. Pour le reste, on a plutôt l'impression d'assister à la réalisation d'un adolescent un peu potache qui tente de gagner le premier prix à Vidéo Gag, avant de basculer dans le drame de façon abrupte, sans véritablement de montée en puissance. On ne développera pas ici le cliché de l'adolescent mal dans sa peau qui se transforme en véritable sociopathe, là aussi sans prévenir. Le réalisateur a visiblement du mal a structurer son récit de façon fluide, en faisant monter le suspense, ce qui nuit à la narration en donnant à contempler au spectateur une suite de scènes pouvant être prises de façon indépendante plutôt qu'un tout véritablement cohérent.
Quant au concept de "found footage", il est ici trop mal exploité pour tenir d'autre chose que de la simple bonne idée qui tourne mal. Le principe même repose sur un équilibre de la narration et de l'unité de temps et de lieu. L'idée aurait pu être séduisante, mais l'histoire prend trop d'ampleur pour que le film puisse reposer dessus de façon cohérente, et force le réalisateur à avoir recours à des artifices plus ou moins grossiers pour compenser et donner plus d'ampleur aux scène d'action.
Chronicle restera donc dans le tiroir des bonnes idées qui déçoivent, la faute à un scénario trop léger et à un concept mal exploité.