L'amour au temps du Biactol
Bon en même temps, c'est vrai qu'avec un titre pareil, il ne fallait pas s'attendre à un film contemplatif sur la méditation transcendantale. Et que le résumé laissait augurer du pire. Mais bon, de là à tomber aussi bas...
Parce que là, tuons le suspense, on tutoie le sublime. Des torrents de sirop de grenadine, des montagnes de guimauves, un film qui a le mérite de pousser la mauvaise plaisanterie jusqu'au bout du rouleau, jusqu'à la chute (sans mauvais jeux de mots) que toute personne dont le cerveau n'est pas englué dans les toiles de barbe à papa tissées avec amour par la réalisatrice ou dont les yeux restent vierges des litres de larmes que devraient laisser couler quelques unes des adolescentes pré pubères à qui ce film est destiné, une fin, donc, que le spectateur ayant vu plus de deux films dans sa vie pourra voir venir à des kilomètres.
Résumons. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sont riches, ils se font des crasses et, soudain, ils s'aiment. Et? Ben, c'est tout. Pas besoin de chercher plus de nuances dans un scénario qui empile les clichés et les poncifs du genre jusqu'à des hauteurs vertigineuses. Difficile de s'identifier face à ces deux jeunes, certes mignons tout plein, mais qui semblent sortis tout droit du château de la belle aux bois dormants, avec la carte Platinium qui va avec. Le rebelle conduit forcément une moto, la belle oie blanche est naïve à souhait, bref, on se croirait dans un mauvais roman à l'eau de rose.
A part ça? Vraiment pas grand chose à sortir de la vase. Peut être la BO, plutôt bien rythmée quand elle ne tente pas de nous engloutir dans des envolées mélodiques censées activer la pompe lacrymale déjà bien occupée. La réalisatrice noie le spectateur sous un torrent d'images grandioses, aux couleurs saturés, qu'elle lie avec un surplus de beaux fondus. Le jeu des acteurs est, au mieux, inégal. Il a la lèvre boudeuse et le sourire Colgate, elle a l'oeil humide et utiliserait plutôt du Email Diamant. Les personnages secondaires, d'une platitude à faire pâlir d'envie la queue d'un castor, ne sont là que pour faire joli dans le paysage, sans nuances, sans rien apporter que des nouvelles piles de clichés (le père autoritaire, la mère casse bonbon mais pas si méchante, le proviseur peau de vache, j'en oublie...).
Impossible de se sentir concerné par ces jeunes trop propre sur eux pour être honnête. Pour le retour en grâce du film romantique au XXIème siècle, on repassera...