Il y a sept ans, avant la sortie de Begins, Nolan partait avec le confort offert par un anonymat relatif, et surtout le désastre innommable, ineffable et total qu'était Batman et Robin. Aujourd'hui, le réalisateur se retrouve sous les feux de la rampe, attendu comme le messie par une cohorte de fans et devant prendre sa propre succession après un épisode reconnu par beaucoup comme étant le meilleur film de super héros de tous les temps. Challenge relevé?
En plus de passer après un chef d'oeuvre, Nolan a du convaincre un acteur d'enfiler le costume du méchant succédant à l'énorme Joker. Tom Hardy s'en sort avec les honneurs, écrasant de sa présence le film, malgré une voix laissant parfois perplexe. Notons, parmi les petits nouveaux, une excellente Anne Hataway dans un costume de Catwoman assez proche de l'esprit du comic book, et un Joseph Gordon Levit convaincant dans l'ensemble, quoique pas toujours à la hauteur. Seul erreur de casting : Marion Cotillard, insupportable de bout en bout et généralement ridicule.
L'avenir nous dira quelle est la place de cet épisode dans l'histoire cinématographique du Chevalier Noir. Quant à sa place au sein de la trilogie de Nolan, autant le dire tout de suite : il s'agit clairement du moins bon épisode. Après deux premiers films sombres et tourmentés, dans lesquels on pouvait voir abordés certains questionnements éthiques, philosophiques et politiques, ce Dark Knight Returns se résume rapidement à un combat manichéen entre le bien et le mal, entre le justicier et son redoutable adversaire, sur fond d'Anarchisme pour les nuls. Une simplicité qui risque fort d'en rebuter plus d'un.
Ce qui est dommage, d'autant que le film, indépendamment de son AOC Batman vaut largement le détour. Les 2h45 passent sans trop de longueurs et on se retrouve souvent accroché à son fauteuil devant la puissance visuelle de plusieurs séquences. Cependant, il faut aussi noter une certaine tendance chez Nolan à se laisser aller à la facilité. Plusieurs trous se font jour dans son scénario, au point qu'il en devient parfois difficile de lui trouver des excuses. De plus, le réalisateur se permet l'utilisation de plusieurs clichés visuels qui laissent parfois un goût amer. Pour résumer, TDKR n'est pas un mauvais film, mais il n'est pas non plus vraiment un bon film. Un bon film n'annonce pas quelle sera sa fin au bout de seulement vingt minutes...
Il est difficile de juger une telle oeuvre, surtout à l'aune de ses glorieux aînés. The Dark Knight Rises souffre de la comparaison, et fait un peu retomber le soufflé. Malgré tout, il reste la conclusion d'une saga épique, qui aura redonné au chevalier noir ses lettres de noblesse. Chapeau bas, monsieur Nolan...