Chronicle s'affiche comme étant une belle surprise puisque le contenu s'avère très intéressant, peut-être même plus que ce que je ne le craignais (une histoire faussement intelligente pour une débauche d'effets spéciaux inutiles).
La première heure est remarquable dans le sens où le cinéaste pose très calmement les bases de son film d'une part, éliminant d'emblée la volonté de savoir d'où vient l'objet qui leur confère un tel pouvoir. Non, au contraire, il va s'intéresser à ces trois jeunes et à ce qu'ils vont en faire de leur pouvoir. Cette première heure surfe presque constamment sur le second degré et sur l'humour. A ce titre, il y a bien cinq ou dix bonnes minutes de franche rigolade jusqu'à ce que l'un des trois personnages s'en serve pour se venger d'un conducteur.
C'est évidemment le tournant du film et c'est là que les orientations vont prendre une tournure totalement différente pour les trois jeunes hommes. L'un va s'en servir pour mettre en avant sa campagne électorale du lycée, s'en sert en guise de spectacle, le second pour se venger de ce que la vie lui a apporté jusqu'ici, à savoir moqueries des autres suites à un manque de socialisation (je reviens sur ce point après) et enfin un troisième bien plus philosophe qui s'en sert, certes par amusement parfois, mais qui connait parfaitement les limites et les implications d'un tel pouvoir. Pas étonnant qu'il sera celui qui survivra au bout et que la scène finale l'envoie au Tibet, devant un monastère de moines, où on estime qu'ils atteignent généralement la plénitude spirituelle. Trois façons de faire différentes, trois psychologies différentes et c'est celle qui permet au héros de mettre son pouvoir au service des autres qui est gardée.
Le cinéaste choisit de tourner son film sous un effet de faux-documentaire. C'est assez logique dans le sens où Josh Trank a à peine 27 ans, est issu de la génération qui a vu Youtube naître, etc. Il n'empêche qu'en utilisant toujours diverses caméras, le cinéaste semble signaler que nous sommes constamment surveillés, enregistrés, filmés (police, bâtiments, gsm, caméras amateurs ou plus professionnelles, etc.). Ca pose évidemment question d'une génération habituée à être en permanence filmé. Cependant, ça pose aussi des limites en terme de narration et ça a forcément un air de déjà-vu depuis Le projet Blair Witch.
C'est aussi à travers un des personnages, un questionnement sur la socialisation que ça implique envers autrui et sur l'image que renvoie un personnage se mettant une barrière de la sorte. J'entends par là que le jeune homme qui subit les railleries des autres ne lâche jamais cette caméra et c'est ce qui le rend étrange pour autrui.
Le gros bémol du film, c'est que comme le cinéaste tient des effets spéciaux très bien foutus, il y a dix grosses minutes qui se terminent dans une ébauche d'effets spéciaux inutiles, voulant bien trop appuyer le combat entre deux êtres aux pouvoirs surnaturels, presque des Dieux en quelque sorte.
Mais Chronicle est vraiment une belle surprise.