Quand l'ennui vous prend toute chaude dans le noir de la salle, il n'y a plus rien à faire. Juste à attendre qu'un brin de lueur vienne raviver le film, déjà trop englué dans sa propre mollesse, faisant des tours et des détours sur lui même, se mobilisant dans une boue infâme, une chose molle ayant bien du mal à se dépêtrer de l'ennui qui l'encombre, des évènements qui s'enchainent sans entrain, des visages qui s’expriment toujours de cette même façon, morne. Et les trop gros plans sur les visages qui s’insèrent comme un leitmotiv, un long râle qui ne sait plus taire sa plainte. Ainsi, l'ennui s'empare et on ne comprend plus rien. L'histoire devient incompréhensible, où alors elle l'est depuis le tout début, on ne sais plus. Tout cela peut-être, dû à une mise en scène sans saveur, d'une pâleur infinie, morne, d'une mollesse à en mourir. Les beaux yeux des uns et des autres ne font rien pour changer l'affaire, ni même la musique de Ennio Morricone, ô pourtant si sublime, qui revient comme un refrain, encore, insérant ça et là ses résonances aigües, qui tombent comme un cheveux sur la soupe (oh oui, pourtant un beau cheveux, heureusement !), ne provoquent rien à l'image, ne servent à rien, ne sont qu'une musique séparée du reste du monde, qu'on ne peut sauver de toute cette mollesse, cet ennui tellement grand qu'on est même prêt à sortir de la salle. Mais on ne peut pas alors on reste, observer les parcelles d'ennui, de laideur, d'une non-consistance bien trop grande.
L'image même, est d'une pâleur à couper le souffle. Sans rien qui provoque la lueur que réclame nos pupilles. On ne peut plus chercher. L'objet est simplement projeté devant nos yeux passifs, spectateurs qui subit, attend, quelque chose. Mais rien. Rien, rien rien rien.
Le spectateur est celui qui subit l’œuvre d'un autre. Qui prend l'art en pleine face.
Parfois, ça ne prend pas, oh que non !