Mouret est de retour avec un film bien plus simple en apparence que son précédent, il ne s'agira ici "que" d'une histoire d'adultère dont nous verrons l'évolution au cours du temps a l'aide de marqueurs temporels (la date est annoncée avant chaque scène). Une rencontre que je ne spoilerai pas va chambouler leurs habitudes.
On est face à un film d'une grande sobriété et d'une grande pudeur. La camera prendra place au centre d'un lieu et suivra lentement les protagonistes en même temps qu'ils discuteront de leurs relations. Je pense à cette scène en plan séquence dans une librairie où la caméra se déplacera en rotation suivant le parcours des personnages entre les étagères, la caméra épouse ses personnages utilisant l'espace pour exprimer leur proximité et leur éloignement.
Mouret fait un cinéma du dialogue où les personnages sont en constante introspection, chaque action et rencontre est décortiquée et malgré cette apparente transparence, les sentiments reprendront le dessus et le dialogue ne servira plus. Une scène en particulière montrera Simon (Vincent Macaigne) entamer un monologue alors qu'il ne s’aperçoit pas que se déroule sous ses yeux un tournant dans sa relation avec Charlotte (Sandrine Kiberlain). Les personnages de Mouret sont des passagers dans la vie des uns des autres, mais se rendent rapidement compte des limites de l'intellectualisation de leurs relations et commencent à vivre réellement lorsqu'ils laissent leurs sentiments s'exprimer, mais l'épanouissement amoureux leur glissera des doigts comme une grande valse sentimentale.
Souvent comparé à Rohmer, il réussi tout de même à s'en détacher avec un film au passage très drôle et plus terre à terre que son maître, moins philosophique mais pas moins beau. Du grand cinéma et la confirmation d'un grand réalisateur après les chefs d'oeuvres "Mademoiselle de Joncquières" et "Les choses qu'on dit..".