Les fesses entre deux chaises

Je suis étonné de ne pas voir de critiques sur le film donc je m'y risque mais je pense que cela s'explique pour la simple raison qu'il n'y a pas grand chose à en dire.

OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire est totalement dans la continuité des deux premiers volets, on y retrouve Hubert Bonisseur de La Bath dans les années 80, vieillissant et plus inquiet que jamais par la potentielle arrivée au pouvoir d'un candidat socialiste en France. L'époque change, les mœurs évoluent (c'est le premier film de la saga se déroulant post mai-68), mais l'agent secret reste le même homme glorifiant le général De Gaulle, ayant des comportements déplacés envers ses collègues féminines et proférant des remarques racistes, homophobes et sexistes dès qu'il en a l'occasion. Ce décalage entre l'homme et l'époque sera symbolisé par l'arrivée du jeune et moderne OSS 1001 incarné par Pierre Niney qui permettra une nouvelle dynamique en confrontant plus que jamais Hubert au monde moderne.

Concernant les nouveautés de cet opus c'est à peu près tout, le reste est très similaire aux deux premiers : Jean Dujardin porte le film, il y a des blagues qui pourront choquer plus d'un (dans la salle on entendait parfois au lieu de "HAHA" des "ROOOH"), des scènes d'action plutôt divertissantes et une flopée de personnages secondaires. L'humour noir ne plaira sûrement pas à tout le monde et le fait que de nombreuses luttes sociales soient passées entre les 12 ans qui séparent le dernier volet de celui-ci créera peut-être un certain malaise pour une génération peu habituée à ces plaisanteries malgré le soin qui a été pris de désamorcer rapidement certains gags.

Le vrai souci du film c'est d'être constamment conscient qu'il est la suite d'une des comédies les plus appréciées des 20 dernières années, qu'il a la lourde tâche d'assurer la continuité et cela se ressent un peu trop. Les gags sont parfois déjà-vu et il y a de nombreux clins d’œil trop évidents : René Coty, la Suze, "un petit coup de polish"... L'ensemble donne une impression d’œuvre bâtarde qui aurait eu mieux fait de se trouver une personnalité propre pour dépasser son simple statut de suite.

Au final ce film c'est comme René Coty : populaire et sympathique mais il ne marquera pas l'histoire.