Si je vous dis « comédie romantique » vous me répondez « niaiseries composées d’une relation improbable et d’une fin heureuse ».
D’ailleurs, la France ne pouvait pas vraiment se targuer de faire mieux que les réalisations Américaines. Mais toute règle ayant son exception, Emmanuel Mouret nous avait déjà régalé avec de très beaux films qui plaçaient la barre très haute dans ce genre plus habitué d’être aux ras des marguerites. Son dernier opus, « chronique d'une liaison passagère », est une pépite rare, tel un geste à la fois tendre et fougueux, aussi parfait qu’inattendu.
L’enveloppe du film parait légère, on se laisse porter par le verbe très loquace mais aussi les non-dits. Le duo Sandrine Kiberlain et Vincent Macaigne fonctionne à merveille, sans en faire trop, avec beaucoup de retenue, qui livre de très beaux instants de grâce. Elle est solaire et décomplexée, il n’est pas sûr de lui et lent comme le sont souvent les hommes en amour. Les acteurs sont filmés avec une tendresse et une bienveillance enivrante. Les dialogues sont très travaillés et font mouche à maintes reprises.
Le film prend peu à peu de l’ampleur -pour peu que l’on accepte de se laisser porter- et propose une réflexion très Française sur la légèreté en amour. Quelle main de maître que de filmer les acteurs de dos et les rendre si expressifs avec une force évocatrice peu commune. Il y a de la poésie, de l’humour fin, de la colère, du libertinage, de l’élégance, du mouvement… Un film séduisant, spirituel, farfelu et délicat. Il faut saisir ce qui est suggéré, se laisser toucher par la mélancolie et la performance du duo qui nous mène au sommet de la sensibilité, pour mieux redescendre vers des lieux subtilement vides montrés par une suite de plans absolument bouleversante.
La beauté habite ce film, elle distille sa grâce d’une façon aussi étonnante que bienvenue.