À votre avis qu'avons-nous vu
De l'amour
Mon amour ?
Deux bourgeois quadragénaire ; Un homme féminin et une femme masculine ; l'un acquis au mariage l'autre au célibat ; elle sait parler il est profondément gênant, maladroit. Entre le neutron et le proton il y'a explosion, c'est ce qui va arriver.
Dans un paris romancé, Emily in Paris, les amoureux trompent à leur nature et Mouret ne s'y trompe pas. L'utilisation d'habiles travelling sur les visages, dans la solitude de l'après rend compte de l'hypocrisie du langage : "On se prend pas la tête hein, on se fait plaisir" travelling sur Sandrine Kiberlain, air de piano triste , on sait qu'elle ment.
Une petite Trilogie du désir : les amants font connaissance, puis se connaissent, s'oublient puis se reconnaissent et refont connaissance. On ne se baigne jamais dans la même rivière comme dirait l'autre.
Impermanence.
En fait le film surprend en permanence, on a le droit au début à cette romance légère rohmérienne, toute faite de langage et de désir, les yeux ne mentent jamais chico.
Puis l'exploration du désir qui ne se satisfait jamais conduit au plan à 3. La scène la plus brillante à mon sens, Vincent Macaigne est insupportable de gênance pendant que les deux femmes se consument.
Ce décalage est à l'origine du volet dramatique du film : elle le quitte pour le plan cul de Tinder, cette femme qu'elle embrassait lors de leur plan à 3. Le mec fait genre qu'il comprend mais il est blessé dans son orgueil masculin ; Aspect terriblement intéressant ou Macaigne a tout du mec parfait alors qu'il est en fin de compte profondément un autre connard de plus. Il me fait penser au jeune homme de Conte d'été de Rohmer, le jeune premier qui croit être inexpérimenté mais qui est terriblement séducteur.
C'est le retour du bâton. Dom Juan aux enfers. Déjà que le personnage était profondément gênant, il devient terriblement gênant dans son obstination. Cet espèce de chant du cygne à la fin ou il recrache toute sa frustration sexuelle, sociale, souffrance du monde en bref, me donne envie de le flinguer, ce nihiliste.
Il ne sait pas vivre, cela fait 2 ans qu'ils ne se sont pas vu et quand ils se revoient, rien a changé pour lui alors qu'elle a construit sa vie, c'est dramatique. Mouret m'a profondément choqué, il a fait de ce personnage une sorte d'artéfact de la mauvaise foi ; Puis, une métaphore de l'amour impossible.
Les films amoureux sont les meilleurs, ils nous renvoient à nos propres expériences, mais il y'a aussi des mauvais films amoureux. Ceux qui aspirent à l'universel comme Chronique d'une liaison étrangère sont profondément efficace ; Tout est dans le titre ça pourrait être ta chronique, tu pourrais -tu pourras- être un de ces quadragénaire.
Et qu'as tu vu de l'amour ?