"Chroniques impatientes". L'impatience d'une femme, qui sait qu'elle a le pouvoir de sauver l'homme qu'elle aime, père de son enfant, à condition que celui-ci accepte l'inestimable don de l'un de ses reins... Béatrice Plumet livre ici un journal remontant dans le temps, à partir de la mémoire récalcitrante de son fils, jeune adolescent, qui préfèrerait, lui, ne plus se souvenir de l'usage des grosses boîtes utilisées lorsque les dialyses étaient encore quotidiennement nécessaires.


Accompagnant son documentaire de sa voix off, mélodieuse et posée, la réalisatrice part à la recherche de cette mémoire, entremêlant images intimes de la vie familiale d'alors et prises actuelles, à l'occasion de retours vers les médecins ou vers les instances diverses, médicales et juridiques, qui ont supervisé le bon déroulement de ce don. Avec beaucoup de sensibilité et d'écoute, resurgissent les questionnements (un don si radical, si insolvable, ne va-t-il pas tuer le couple ?...), le souvenir de l'annonce de la maladie ainsi que des remèdes possibles, le rituel des soins, l'agacement du malade ("Mais tu n'as pas déjà filmé cela ?"... - Oui, certes, mais il se trouve que la scène de la dialyse auto-administrée se répète également dans le réel...), l'attente de l'appel de l'hôpital afin de réaliser un "don cadavérique" (extraordinaire terminologie médicale !), enfin l'incroyable acceptation ("Je crois que je préférerais être enterré avec l'un de tes reins plutôt qu'avec celui d'un mort..."), la passation des tests afin d'examiner la faisabilité du don, les rêves de vacances en Tunisie, le pays d'où vient l'homme, à l'approche de la double hospitalisation... B. Plumet s'avance le plus loin possible, dans son filmage, recueillant, caméra braquée vers le plafond et glissant dans les couloirs, jusqu'à la voix de l'anesthésiste qui lui annonce, sous la lumière aveuglante du scialytique, son sommeil, puis son réveil, allégée d'un rein... Suivent les tourments, le rein donné qui ne s'éveille pas dans son nouveau corps, les soins intensifs nécessaires, puis le soulagement...


L'ordre du montage n'est pas strictement chronologique, se réservant quelques allées et venues, selon les connexions voulues. Mais la datation est assurée par l'âge de l'enfant, fruit de l'union des deux corps en question... Par sa seule présence à l'écran, il guide le spectateur, jouant le rôle d'un joli et délicat fil rouge, dans cette belle histoire d'amour et de corps...

AnneSchneider
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le 4 août 2017

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Anne Schneider

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