Quand Michael Douglas pète les plombs

Sorti en 1993, réalisé par Joel Schumacher, Chute libre envoie dans les rues de Los Angeles, un Michael Douglas remonté à bloc contre la société américaine…


Le film qui reflétait brillement notre société actuelle


C’est une réalité : je ne supporte pas Michael Douglas. Ce qu’il dégage à l’écran, le type de personnages qu’il interprète. Autant dire que partant de là, difficile de trouver sur ce site la moindre critique sur la filmographie de l’acteur. Mais, comme certains de ces films sont cultes, ils ont mérités toute mon attention. Harcèlement, Liaison Fatale, Basic Instinct, Meurtres parfait, on a compris, là où une femme dépose plainte où que l’on parle infidélité, y a du Michael Douglas là-dessous. L’acteur ne se cantonne pas à ce type de rôle « le suspect, le mari infidèle qui joue l’innocent » avec d’autres personnages un peu moins sex addict (A la poursuite du diamant vert, Wall Street, Black Rain, en sont des exemples parmi tant d’autres). Ici, on va parler de Chute Libre, exemple type du film qui prouve qu’un acteur peu très bien jouer autre chose si on arrive suffisamment à faire confiance en son talent. 17 ans plus tard, je décide de sauter le pas et me lancer dans la projection. Est-ce que ce film en vaut la peine ?



« D’accord, je ne demandais qu’a vous foutre une paix royale, je ne
demandais qu’a respecter votre territoire et vous traiter comme des
hommes. Mais voila c’est plus fort que vous vous n’acceptez pas qu’on
pose son cul 5 minutes sur votre saloperie de merde de colline ! »



L’homme qui disait tout haut ce que les autres pensent tout bas


William Foster, il fait parti de cette rare race d’êtres humains normalement constitués qui respectent les règles de vie en collectivité, respectent leur prochain, et tentent de survivre sur notre planète où la perversité, le mal, le nombrilisme, l’illogisme et l’humain lobotomisé sans le savoir (ou si…) règnent en maitre.
• Il supporte très mal la chaleur, surtout quand il est coincé dans les embouteillages et dans une voiture où les vitres ne s’ouvrent pas,
• Il n’aime pas les voyous,
• Il n’aime pas les épiciers qui vous forcent à acheter un de leur produit à prix prohibitif parce que vous voulez utiliser leur téléphone, tout comme les vendeurs hypocrites,
• quand il demande à avoir un petit déjeuner, même si ça fait que trois minutes qu’on n’en sert plus, on lui fait une fleur parce qu’il a eu une journée pourrie (et que trois minutes de retard, faut pas pousser),
• il a en horreur les néonazis et l’abus de pouvoir,
• il a un gros trou dans sa godasse et ça, ça l’embarrasse, BEAUCOUP,
• il ne supporte pas les vieux riches égoïstes, et il compte bien coute que coute assister à l’anniversaire de sa fille.


Forcément, quand vient le jour où il est renvoyé de son job, William, ba il pète les plombs et gare à vous si vous croisez son chemin et que vous lui cherchez des noises. En fait, comment voulez vous réagir autrement devant tant d’injustices et tant de bêtises ? Chute libre, ce sera donc cet homme au chômage essayant de rentrer chez lui pour l’anniversaire de sa fille, qui fera malencontreusement de mauvaises rencontres. En découlera de lourdes de conséquences ET pour lui ET pour ses assaillants. En seulement une journée, on pourrait croire que William c’est un véritable aimant à cas sociaux.



« Écoutez Rick... Mais pourquoi je vous appelle Rick moi ? C’est vrai
quoi, je dis encore monsieur à mon patron alors que ça fait six ans
que je travaille pour lui, alors que là j’entre et je vous donne du
Rick et du Shella comme si on était aux alcooliques anonymes... J’ai
pas envie d’être votre pote. Tous ce que je veux c’est un petit
déjeuner ».



Chute libre : ce film unique


De belles réflexions criantes de vérité et de logique sur l’économie, la pauvreté, la consommation, la surconsommation, les mensonges incalculables de notre société, l’avidité de l’homme dans toute sa splendeur, le tout accompagné par une mise en scène rythmée avec de l’action, juste comme il faut pour captiver et défouler le spectateur. En parallèle, on s’intéressera à l’inspecteur Prendergast, bientôt à la retraite, harcelé par sa femme complètement cinglée qui lui dicte comment il doit mener sa vie, qui enquêtera sur les évènements survenus depuis le début de la journée. On n’excusera pas forcément les agissements un brin extrémistes (mais non voulus) de notre personnage principal, on ne le prendra pas pour fou ni pour cynique, on comprendra surtout sa colère, sa frustration, son désespoir, pourquoi est-ce qu’il en est arrivé là. Est-ce qu’il ira jusqu’à atteindre le point de non retour ? Cet homme fait de la peine, et il n’est pas le seul dans ce cas. Le film qui tirait déjà la sonnette d’alarme ? Avec ce que l’on vit à l’heure actuelle, il est toujours d’actualité, prenant même plus d’ampleur.


Au premier abord, Chute Libre a tout d’un film sérieux et enfin de compte, tout du moins pour les premières minutes, ce n’est pas le cas. Les rencontres que fait notre héros, on les vit, quotidiennement, ce qui fait qu’en voyant ces réactions vis-à-vis de ce qu’il voit et entend, on ne peut s’empêcher de rire. Et puis voir Michael Douglas interpréter un personnage à l’opposé total de ce qu’il a l’habitude de jouer, c’est surprenant. Sous ses airs d’intello pacifiste, d’homme banal, sans biscotos et un brin coincé ce cache un dur à cuire. C’était pour ma part, les prémices des fous rires que j’ai pu avoir par la suite sans pour autant rire de tout ce qui allait se passer. Et c’est ce qui est remarquable aussi dans Chute libre : sa rythmique, son imprévisibilité.


Au final, Chute Libre est un petit bijou cinématographique qu’il faut voir sans aucune hésitation. Grosse mention sur le travail des dialogues/répliques aussi véridiques et intelligents que ce qu’on peut trouver dans un film de Trantino (Plup Fiction, pour ne citer que lui), sur la mise en scène, la photographie (Los Angeles, ses quartiers chics, ses quartiers pauvres et violents), le jeu étonnant de Michael Douglas, le scénario garni de révélations/retournements de situations et de surprises, l’acheminement, le passage remarquable d’un film ironique à un film violent, un Robert Duvall magistral, des musiques viennent sublimer le tout grâce au talent de James Newton Howard. Vous savez maintenant quoi regarder ce soir.

Jay77
9
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Créée

le 31 janv. 2017

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2 j'aime

Jay77

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