Ce mélodrame des années 50 n'offre pas un divertissement intense car on se laisse facilement distraire par les détails en oubliant le fil de l'action. Et c'est justement ce qui fait que le lendemain on y repense en se disant qu'on a fait un voyage dans monde révolu et étrange : cette Allemagne que Mauriac disait tant aimer qu'il était content qu'il y en eut deux. Avec Kaütner, on fait des aller-retours d'Est en Ouest, en franchissant la ligne au péril de sa vie mais dans une ambiance presque bon enfant : l'occupant russe est un innocent joueur d'échec qui adore son vélo et dans le bureau de la police où trônent les portraits de Lénine, Staline et Mao le policier de l'Est rappelle au policier de l'Ouest qu'il a combattu avec son frère du temps d'Adolf. Drôle de bonhomme ce Kaütner qui tourna sans arrêt en Allemagne de 1939 à 1977 en surfant sur la vague de la censure sans boire la tasse.