Les hallucinés des salles obscures

Cinemania nous propose de suivre les vies de cinéphiles acharnés de la ville de New York. Attention ! Ces films buffs, sont à des années lumières de Louis Garrel et Eva Green dans Innocents, loin de ces esthètes cultivés et arrogants, nous avons affaire à des marginaux crasseux (mais ceci s'explique peut être juste par une traversée de l'Atlantique) qui vont de salles obscures en salles obscures, rythmant leur vie en fonction des horaires des séances, utilisant le cinéma comme substitution ultime à la réalité ultime et personnifiant la citation de Scorsese : "films are not films to me, they are life" qu'ils ont visiblement pris un peu trop au premier degré.

Le documentaire nous fait constater l'état de leur vie de manière assez crue, sans voix off, en nous faisant pénétrer dans leurs lieux de vie et en ne nous privant d'aucune de leurs remarques/anecdotes/attitudes étranges. On s'aperçoit alors que c'est finalement une addiction comme une autre qui les déconnecte complètement d'un monde dans lequel ils ne travaillent pas et ne se renseignent sur rien, si ce n'est les films (la séquence où ils croisent une parade et ne savent pas ce qu'elle célèbre en est assez symptomatique), et les éloigne des besoins les plus basiques de l'humanité (l'hygiène et la sexualité en tête).

Ces cinévores sont finalement un symptôme de plus d'une société malade, société qu'ils essaient de fuir en se réfugiant compulsivement dans leur "passion du cinéma" et malgré l'immersion poussée dans leur quotidien, l'attachement à ces personnes reste léger tant ils sont chelous et nous réservent des moments pathétiques voire carrément flippants (l'anecdote sur les agressions de la vieille, les confessions sur le voyeurisme).