Surprenant ou non?
Oui, parce que c'est tout de même un WIP qu'on a là, un "Woman in Prison", un film de prison de femmes, un sous-genre en soi qui a charrié son lot de nanars plus ou moins longs à suivre. Et non, parce que ce n'est pas n'importe qui au scénario, ainsi qu'à la caméra. Jonathan Demme signe là sa toute première réalisation, mais déjà son film apparait plutôt équilibré, pas trop mal foutu avec quelques idées intéressantes.

Certes, on est bien dans le WIP. Ce film a été produit pour un public demandeur : tous les ingrédients du genre sont bel et bien présents (à part peut-être l'homosexualité féminine, même si elle est sous-jacente). D'abord, de multiples scènes de douche ponctuent le film et participent avec insistance à l'exhibitionnisme inhérent au genre. A bien des égards, ces douches sont centrales, puisque c'est ici que les rivalités éclatent et que les évasions se préparent. On a donc droit à quelques poils pubiens, beaucoup de nichons et surtout un cat-fight sous les ondes qui ravira peut-être les connaisseurs.

Mais l'essentiel n'est pas là. Fort heureusement, le scénario de Demme réserve quelques particularités, notamment des dialogues assez rigolos, avec du caractère, une histoire de bad-girls finalement plus féministe qu'elle n'en a l'air. Il y a un côté girl-power, une rébellion d'abord tacite, puis de plus en plus ouverte qui est plutôt rafraichissante. Certaines actrices ne sont pas très bonnes mais deux ou trois sortent du lot, indiscutablement elles savent jouer et étonnent à plusieurs reprises.

L'action n'est pas toujours très bien filmée par le débutant Demme, faute de gros moyens, mais le cœur y est, assurément. On trouve souvent de très mauvais WIP, celui n'est pas mauvais du tout.

Et puis, merde, Barbara Steele! Dans un rôle de cul-pincé, stricte et revêche, elle semble bien s'amuser et le spectateur ne peut qu'en être ravi.

Voilà, il se dégage de ce film une espèce de jubilation qu'on ne s'attend pas à voir dans un WIP. Avec les moyens du bord, avec un cahier des charges très balisé par la production qui veut son lot de bagarres, de mamelles et de coups de feu, Jonathan Demme parvient à créer un petit film sans prétention, avec pas mal d'humour, une série B rigolote qui se laisse voir gentiment. Peut-être pourrait-on tout de même regretter qu'il soit un peu long à placer les personnages, ses arguments WIP, mais une fois que les filles se déchaînent (dans tous les sens du terme), on assiste à un bon petit film.
Alligator
6
Écrit par

Créée

le 23 nov. 2012

Critique lue 766 fois

5 j'aime

Alligator

Écrit par

Critique lue 766 fois

5

D'autres avis sur Cinq femmes à abattre

Cinq femmes à abattre
Boubakar
5

Women power

A la suite d'un braquage qui tourne mal, une jeune femme est conduite en prison où elle va partager sa cellule avec des personnes du même sexe. Mais peu à peu, face aux maltraitances et humiliations...

le 23 avr. 2023

2 j'aime

Cinq femmes à abattre
MichaelOudin
2

Prisonnières récalcitrantes

Film d'action américain réalisé en 1974.5 femmes se retrouvent en prison.Elles décident de se rebeller contre la méchante tôlière.Le film a plus que subit les outrages du temps au niveau du scénario...

le 26 nov. 2024

Cinq femmes à abattre
Heurt
3

Les seins en prison.

Avoir des femmes en prison c'est bien évidement un bon moyen de montrer des seins et des culs à l'écran, ben oui les femmes se battent et s'arrachent les vêtements pour des raisons futiles. Et...

le 16 août 2018

Du même critique

Cuisine et Dépendances
Alligator
9

Critique de Cuisine et Dépendances par Alligator

Pendant très longtemps, j'ai débordé d'enthousiasme pour ce film. J'ai toujours beaucoup d'estime pour lui. Mais je crois savoir ce qui m'a tellement plu jadis et qui, aujourd'hui, paraît un peu plus...

le 22 juin 2015

55 j'aime

3

The Handmaid's Tale : La Servante écarlate
Alligator
5

Critique de The Handmaid's Tale : La Servante écarlate par Alligator

Très excité par le sujet et intrigué par le succès aux Emmy Awards, j’avais hâte de découvrir cette série. Malheureusement, je suis très déçu par la mise en scène et par la scénarisation. Assez...

le 22 nov. 2017

54 j'aime

16

Holy Motors
Alligator
3

Critique de Holy Motors par Alligator

août 2012: "Holly motors fuck!", ai-je envie de dire en sortant de la salle. Curieux : quand j'en suis sorti j'ai trouvé la rue dans la pénombre, sans un seul lampadaire réconfortant, un peu comme...

le 20 avr. 2013

53 j'aime

16