Pour ceux, comme moi, qui sont fanas des films paranoïaques du cinéma américain des années 70, Citizenfour a tout pour vous plaire. Le seule différence étant qu'il ne s'agit pas de fiction.
Si "Les Hommes du Président" de Pakula était une retranscription fictionnalisée du Watergate, le documentaire de Laura Poitras est une captation de la réalité. C'est en ça que le film est effrayant. Loin des assassinats, Snowden a révélé un système qui aurait fait pâlir tous les plus grands dictateurs de ce monde : tout surveiller, capter, retranscrire et sauvegarder. Toutes les données numériques, du simple SMS au payement par carte bancaire, sont possiblement interceptées. Le final est d'ailleurs effrayant puisque le chiffre de 1.2 millions de personnes surveillées apparaît. Surveillé dans le sens d'activement. En effet, passivement, tout est capté.
Ce documentaire questionne notre droit à la vie privée avant tout. Je parlais de paranoïa dans mon intro mais c'est tout à fait le sentiment qui traverse le film alors qu'il ne se passe pas grand chose en terme d'action finalement dans cette chambre d'hôtel (même si les deux heures du documentaire ne se passe pas intégralement dans la chambre, il y a un avant et après fort intéressant).
Il sera intéressant de voir comment Oliver Stone va traiter l'affaire et l'homme Snowden. Le magazine Première nous dit, je cite, "On se demande en effet comment Oliver Stone pourra surpasser [Citizenfour]". S'il est vrai que le documentaire de Poitras allie à la fois l'efficacité d'une fiction et le réalisme propre au documentaire, n'enterrons pas tout de suite l'oeuvre de fiction qui pourrait permettre une autre vision, plus libre (mais tout aussi intéressante) d'une affaire lié à un homme ayant beaucoup sacrifié... pour rien ?