L'un des intérêts de ce film est de nous démontrer le rude boulot d'un édile et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit du maire d'une des plus grandes villes du monde, New York City, de nous faire prendre conscience de ce que c'est de l'administrer et du poids que ça représente. On suit donc le parcours des journées de John Pappas incarné par Al Pacino, pour qui la politique est avant tout l'art du compromis. Mais du compromis à la compromission, il n'y a qu'un pas, et les écueils sont nombreux.
Il ne s'agit pas tant de décrire des malversations ou des politiciens véreux abusant de la crédibilité d'un électeur qui n'en a pas conscience, et pourtant il y aurait eu de quoi faire, mais plutôt de montrer comment le système démocratique et la publicité altèrent le caractère de ses leaders les plus engagés en les transformant en de vulnérables batailleurs politiques ; pour gouverner, un maire doit faire des compromis, fermer les yeux sur quelques trucs pas très propres, ou graisser des pattes, ce qui finit par anéantir toute frontière entre bien et mal, et les bourdes, les erreurs, les cafouillages peuvent faire déraper un élu que ses adversaires ne manqueront pas de clouer au pilori.
Le scénario a été co-écrit par un ancien adjoint au maire, et Al Pacino a rencontré Rudolph Giuliani, ancien maire charismatique, de même qu'il s'est inspiré aussi de La Guardia, un autre grand maire de New York, ce qui prouve le sérieux avec lequel la star s'est investie dans ce projet. La corruption de son personnage est en fait vue à travers le regard de son principal assistant qui est le véritable héros de l'histoire, mais malgré le jeu subtil de John Cusack, ce n'est pas le personnage qui intéresse le plus le public, car la vedette c'est évidemment le grand Al qui apporte son énergie bouillonnante, il en fait sans doute un peu trop dans le surjeu, comme dans cette scène d'éloge funèbre où il se montre tellement hâbleur qu'il finit par se faire applaudir par la famille du défunt ; une scène qui frôle le grotesque mais qui donne indirectement le sourire car ça montre qu'un édile municipal est constamment dans l'exubérance ostentatoire, même certains hommes politiques américains sont plus sobres.
Ce parti pris aurait pu déplaire à la mairie de New York qui a donné pour la première fois son autorisation de tourner dans ses locaux. Quoi qu'il en soit, chaque acteur a été plus ou moins guidé par un modèle dans la réalité, c'est ce qui explique ce réalisme qui peut paraitre parfois rasoir ou un peu plat, mais finalement le film a une valeur instructive, et c'est ce qui m'a intéressé. Al Pacino est bien entouré grâce à un casting de qualité, outre Cusack, on trouve Danny Aiello, Martin Landau, David Paymer, Tony Franciosa, Richard Schiff, et Bridget Fonda qui est peut-être la moins bien servie par un personnage inconsistant d'avocate.

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le 3 mai 2020

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Ugly

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