Gênant est un euphémisme
J'ai rarement été aussi gêné devant un film d'animation. J'ai d'abord et surtout été gêné par la légèreté avec laquelle les scénaristes traitent d'harcèlements sexuels et même d'une tentative...
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le 2 avr. 2020
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- Séduisant, mais dangereux.
- Saeko ? Qu'est-ce que tu fais ici ?
- Je suis sur l'affaire Kriegman. Elle mène droit à lui.
- Tu sais donc qui il est.
- Services secrets de la Galiérie. Colonel Johann Friedrich Helsen. L'Eterminateur Rouge. Sa réputation de fin tireur n'est plus à faire. Même toi, face à lui, tu ne ferais pas le poids.
- Tu me sous-estimes. Un homme grisonnant ne peut faire trembler l'homme preux et vigoureux que je suis.
City Hunter : Amour, Destin, et Magnum de Kenji Kodama à qui l'on doit les OAV "City Hunter : Bay City Wars", ainsi que "City Hunter : Complot pour 1 million de dollars", ou encore le film "City Hunter : Services Secrets", tous tiré de la série animée "City Hunter" du manga : shonen de Tsukasa Hojo est le tout premier long-métrage consacré à la franchise. D'emblée de jeu on ressent le style visuel de Kenji Kodama qui est très proche des dessins de la série animée avec une colorimétrie quasi identique, de même à travers les histoires qu'il traite qui sont à chaque fois des épisodes à rallonge avec des évènements déjà vus. À mon sens, cette approche prouve que Kodama n'est pas la bonne personne mise aux commandes des longs-métrages City Hunter, contrairement à Kazuo Yamazaki (City Hunter : Goodbye My Sweetheart), et Masaharu Okuwaki (City Hunter Hunter : Live on stage) qui ont tous deux proposés des récits plus nuancés avec des dessins et une mise en mouvement au-dessus de la série.
Il n'y a que pour "City Hunter : Private Eyes", toujours de Kenji Kodama, que je laisse cette réflexion de côté car sortie en 2019, ce qui fait qu'automatiquement la technicité a évolué, à voir maintenant pour ce qui est du contenu scénaristique. En sommes, le style Kenji Kodama bien que pas mauvais (il ne faut pas exagérer), reste très limité pour ce qui est de mettre en scène des films autour de City Hunter, néanmoins, bien qu'on retrouve une fois de plus les problématiques que je remonte à chaque fois sur son travail autour de cette licence, c'est dans ce premier long-métrage que le cinéaste s'en sort le mieux.
L'histoire d'Amour, Destin, et Magnum 357 tourne une fois de plus autour du même sujet : une belle femme se retrouve en mauvaise posture et fait appel à Ryo Saeba pour l'a protéger et celui-ci n'aura de cesse de la harceler et sera violemment corrigé par Kaori. Une approche maintes fois vue et revue mais qui représente l'essence du manga et de la série animé, si bien que si on est fermé à cela alors ce n'est pas la peine de continuer l'aventure autour de cette saga. Cela n'empêche nullement aux différents réalisateurs d'essayer d'amener plus de nuances et de subtilité sur certains autres films, ce que ne fait pas cette aventure même si l’intrigue autour de cette pianiste à la recherche de son père recèle de quelques jolies séquences dramatiques que l'on voit un peu facilement arriver dans la résultante. Parmi les très bons points je retiens la connexion qui est faite au manga avec le personnage de Maki Himuro, qui n'est ici que mentionné par son ami Nina Shutenberg, rencontré à Vienne là où Maki fut parti afin de perfectionner sa musique et de jouer dans les plus grands orchestres. Cela crée un lien qui fait plaisir.
La mélodie au piano est vraiment jolie, mais bien trop utilisée. Durant toute la confrontation finale, on entend cette mélodie que Nina Shutenberg joue dans un concert de charité alors qu'au même moment Ryo et sa bande se confrontent bien plus loin aux antagonistes. Si je trouve l'idée bienvenue, l'artifice est bien trop utilisé, tellement que cela en fait perdre toute la magie du moment. Les autres musiques sont appréciables bien que manquant un peu de variété. Toutefois, le générique d'ouverture fait un peu mal aux oreilles et colle difficilement avec l'histoire proposée.
Le rythme est mal géré avec une première partie très lente qui traine en longueur avec beaucoup de passages inutiles, si bien que lorsqu'enfin commence les choses sérieuses on n'est plus trop réceptif car un peu endormi et c'est bien là le véritable défaut de City Hunter : Amour, Destin et Magnum 357. L’humour est très présent durant la première moitié, puis quasi absent durant la seconde partie ce qui n'est pas pour me déplaire. Le final fait plaisir. On se retrouve plongé dans une véritable fusillade où cela tire à tout va avec un Falcon qui fait du très sale en usant de la sulfateuse à outrance, sans oublier Ryo qui livre quelques séquences de gun fight bien chorégraphier. Un final jouissif qui fait du bien surtout au vu de la lenteur du récit. Falcon livre un petit duel au corps-à-corps sympathique, alors que Ryo affronte en duel un adversaire de taille considéré comme étant supérieur à lui : "le colonel Helsen". Un duel très attendu à la résultante étonnante puisque cela se termine sur les deux hommes à terre et mortellement blessé. Malheureusement, toute la tension perçue vient à disparaître car ni l'un, ni l'autre n'avait la réelle intention de donner la mort. Un duel n'ayant finalement pour seul sens que d'offrir à Nina un happy end, car pouvant enfin retrouver son père : le colonel Helsen.
- Est-il arrivé malheur à Maki ?
- Maki ? La fille du capitaine Himuro ?
- Je me présente, Nina. Je partage un appartement avec Maki à Vienne.
La galerie de personnages est plaisante, on retrouve l'équipe de base composée de :
- Ryo Saeba, l'indécrottable pervers fine gâchette qui est très appréciable surtout durant la seconde partie dans laquelle il est étonnamment sérieux et durant un long moment.
- Kaori, la fidèle alliée de Ryo qui pour cette aventure poursuit sans relâche une fois encore une massue à la main Ryo, à un point où elle en fait beaucoup trop, si bien qu'elle en devient détestable. Je veux bien qu'elle attaque Ryo lorsqu'il s'en prend à une femme avec son côté pervers, mais lorsque c'est la femme qui veut de Ryo je ne vois pas où se situe le problème, le gars est majeur et vacciné. Si la femme est consentante il fait ce qu'il veut. Kaori passe ici pour une grosse jalouse.
- Falcon, présent tout du long mais discret, son intervention durant le final fait un bien fou. Durant un court flash back on perçoit l'ancienne vie de mercenaire qu'il menait lorsqu'il servit sous les ordres du père de Maki.
Le reste de la team composée de Miki et Saeko est minimaliste mais fidèle de ce que l'on connaît d'elles. Petite nouveauté avec la venue amusante de Reika la sœur de Saeko, inédite dans les films, elle travaille dans une compagnie concurrente de détective privé et elle est amoureuse de Ryo.
Parmi les nouveaux personnages on retrouve Nina Shutenberg une pianiste lauréate du prix Chopin, tendre et fragile qui ne rêve que de découvrir l'identité de son père. Nina n'est pas trop utile à l'intrigue mais réussit à apporter un peu de douceur et de dramaturgie à l'intrigue. Nina est accompagné de son grand-père Klaus Shutenberg, son manager au tempérament sec, qui tient à maintenir sa petite fille éloigné des affaires de son père.
Vient enfin le colonel Helsen surnommé "l'Exterminateur Rouge", membre des services secrets de la Galiérie. J'aime beaucoup ce personnage charismatique qui offre un adversaire de taille à Ryo et qui en plus est doté d'un excellent background. Tout ce qui tourne autour d'Helsen est maîtrisé, il est juste à regretter son duel contre Ryo qui certes est bourré de sens dans l'intention, mais fait perdre toute valeur à ce face à face. Le look d'Helsen est vraiment superbe, visiblement inspiré des films de gangsters italiens, ce qui lui confère un certain charme.
CONCLUSION :
Kenji Kodama présente avec City Hunter : Amour, Destin, et Magnum 357, son meilleur travail de réalisation autour de cette licence datant d'avant les années 2000. Bien que cela soit une fois de plus imparfait à cause d'une approche technique certes pas dégueulasse mais trop proche de la série animée ainsi que d'une intrigue faisant clairement pensé à un épisode à rallonge. On pourra profiter d'une belle tentative de dramatisme autour du personnage du colonel Helsen alias "l'Exterminateur Rouge", qui est le véritable point fort de ce film avec son histoire touchante autour de sa fille Nina connecté au manga de par sa relation avec Maki Himuro.
Une aventure qui fait plaisir au fan du manga que je suis, mais qui aurait mérité une plus belle réalisation et un meilleur traitement scénaristique.
- Monsieur Saeba, attendez. Je voudrais vous poser juste une question. Pourquoi n'avoir jamais dit à Kaori la profondeur de vos sentiments ?
- Une femme peut être amoureuse toute sa vie. Moi je ne peux l'être que de temps en temps.
- C'est pour cette raison que mon père à quitter ma mère.
- Non, je pense que votre père est un homme bien plus sage que moi.
Créée
le 11 avr. 2021
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