Ringo Lam livre avec City on Fire un polar bien nerveux qui ne se contente pas de sa violence ultra sèche mais fait également la part belle à ses personnages, tous perdus dans des jeux d'intérêts qui finissent par les dépasser. Le plus paumé de tous est celui incarné par un Chow Yun Fat excellent qui trouve dans ce flic infiltré tiraillé par ses principes, son boulot et sa petite amie capricieuse, un joli challenge à relever. Challenge physique d'abord, Ringo pose souvent sa caméra pour capter l'action, c'est donc à ses acteurs de se livrer pour insuffler à ses séquences le côté brutal qu'il recherche. Et ça fonctionne, c'est assez agréable d'assister à des gunfight lisibles et des courses poursuites éreintantes qui ne sont pas surdécoupées.
City on fire n'est certes pas doté d'un script des plus original mais tout y est carré et maîtrisé. On sent que Lam sait où il veut nous emmener, à savoir vers un final désespéré qui impressionne par sa noirceur. La marque d'un cinéma qui ne s’embarrasse pas de compromis et qui n'a pour but que celui de nous en mettre plein la tronche, du début à la fin. C'est en ce sens que Ringo Lam parsème son film de séquences solides mais qu'il prend aussi son temps pour que l'on s'attache à son flic dépassé par les évènements. Et même si certaines trames semblent un peu précipitées, toute la partie infiltration notamment, on éprouve une telle sympathie pour Chow Yun Fat qu'on s'implique totalement lorsqu'il est en mauvaise posture.
Pour ne rien gâcher, Ringo Lam tire sa révérence sur une séquence énervée qui s'imprimera durablement dans les mémoires. Que ce soit avec sa bande son jazzy délicieusement déprimante ou le côté très brut de sa photographie, City on Fire possède une belle personnalité, faite d'un mélange subtile de nihilisme punk et de réalisme provocateur. Un cocktail détonnant qui a inspiré, et continuera vraisemblablement de le faire, bon nombre de jeunes réalisateurs.