Avant dernier film de Sun Fung, vétéran de la Shaw Brothers qui a pondu des films tels que The Avenging Eagle (1978), The Deadly Breaking Sword (1979) ou encore Human Lanterns (1982), City War reforme le duo du Syndicat du Crime de John Woo afin de surfer sur le succès monumental de ce dernier au box-office de Hong Kong et de la vague d’heroic bloodshed qu’il a engendrée. On y retrouve donc côte à côte Chow Yun Fat et Ti Lung dans un film au final assez méconnu au succès mitigé au box-office (environ 13M$HK), mais qui vaut le détour, ne serait-ce que par son final assez hallucinant. Clairement divisé en deux parties, City War est un métrage qui en a sous le capot et si voir Chow Yun-Fat en imper long avec un flingue dans chaque main vous manque, alors vous avez peut-être sonné à la bonne porte.
Ti Lung incarne un policier vétéran qui est encore un peu trop dans les méthodes anciennes, un peu trop brutales, où on s’affranchit des procédures. Alors qu’habituellement il est calme et posé à l’écran, souvent plein de sagesse, il joue ici le rôle du policier agressif, voire hostile. A l’inverse, Chow Yun-Fat est un négociateur de la police, plus jeune, moins expérimenté, avec des méthodes plus douces, qui va constamment essayer d’éviter la confrontation mais avec malgré tout une langue bien pendue. Le duo Chow Yun-Fat / Ti Lung n’a pas la même magie que dans A Better Tomorrow. Le film de John Woo a tellement mis en avant leur amitié, il en a fait quelque chose de tellement fort, que ça a marqué bon nombre de spectateurs. Mais qu’importe, on est content de les voir de nouveau côte à côté et, si on compare au chef d’œuvre de Woo, c’’est fausser son avis sur le film en lui-même. Mais c’est clairement Norman Chu qui tire son épingle du jeu à chaque scène où il apparait, avec un charisme à toute épreuve et une intensité dans son jeu comme il l’a rarement fait. Ajoutez à cela tout un tas de têtes connues, Lo Lieh en vieux grand père plein de sagesse, le tout jeune Michael Chow en homme de main gay, les gweilos John Ladalski et Eddie Maher en sbires, ou encore le tout jeune Robin Shou en tueur implacable, et vous obtiendrez un casting aux petits oignons. Rien de nouveau dans le scénario. City War assume son statut de série B qui va sur un terrain connu et qui essaie d’être simplement efficace. Le film prend son temps pour bien mettre en place ses personnages et les différents enjeux mais à aucun moment il n’ennuie car les personnages sont soit attachants, soit intéressants.
City War est divisé en deux parties. La première est assez légère, façon comédie policière (L’Arme Fatale en 1987 est passé par là), avec un Chow Yun-Fat qui fait le pitre comme il sait si bien le faire (si si, souvenez-vous 100 Ways to Murder Your Wife, The Diary of a Big Man ou encore 100 Ways to Murder your Wife). Il drague, il danse, il blague, il fait des grimaces, pendant que l’intrigue se met en place en arrière-plan. Et puis le film va peu à peu basculer vers le polar sombre dans sa deuxième partie. La violence y sera très présente, sans fioriture stylistique, et personne ne sera épargné jusqu’à un final crépusculaire mouvementé qui à lui seul vaut le visionnage du film. Un long final époustouflant qui va enchainer les gunfights d’une grande intensité où l’aspect dramatique va prendre le dessus et donner lieu à des scènes qui restent en tête. L’enfer se déchaine sur les personnages à grand coup de shotgun et de coups dans la gueule et ce final est sans doute un des plus mémorables du cinéma de Hong Kong catégorie Heroic Bloodshed. La très bonne mise en scène de Sun Chung va aider à cette réussit, avec une excellente photographie bien ancrée dans son époque (néons inside). Les scènes montrant Hong Kong by night sont très belles et le réalisateur sait très bien où placer sa caméra pour donner de la gueule à ses plans. Pour les scènes d’action, les ralentis sont utilisés à bon escient, sans jamais en abuser comme c’est parfois le cas dans le genre.
Si City War avait été plus homogène entre sa première et sa deuxième moitié, il aurait été mémorable de bout en bout. En l’état, c’est un bon heroic bloodshed dont la longue mise en place est compensée par un final assez dantesque. …
Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/film-city-war-de-sun-chung-1988/