Le cinéma vietnamien a démontré avec The Rebel qu'il était lui aussi capable de produire des films d'action / Arts martiaux qui tienne la route. Le Thanh Son le démontre de nouveau avec ce Bay Rong qui réunit le couple de The Rebel, à savoir la superbe Veronica Ngo et le charismatique Johnny Tri Nguyen. Entre repompage d'autres films, scènes parfois bancales et dialogues souvent risibles, Clash arrive pourtant à tirer son épingle du jeu grâce à des scènes d'action réussies et une réelle volonté de bien faire avec une esthétique vraiment réussie.
Cette mise en scène il est vraie un peu tape à l'œil dénote pourtant d'une vraie maitrise de son sujet. Le Thanh Son démontre qu'il sait manier la caméra et filmer les combats pour qu'ils restent toujours bien lisibles. Même si certains passages sont un peu too much dans le ridicule, comme l'arrivée de la Team au ralenti, avec des gros plans sur les visages des personnages, pour qu'ils finissent le cul vissé dans une chaise dans une maison entièrement vide à sortir des banalités, on frôle de justesse le bon gros moment nanar... C'est d'ailleurs ce qui fait le charme du film, on a vraiment l'impression que tout est fait sur un ton très sérieux alors que ce qui se passe à l'image, aussi léché et bien mis en scène que ce soit, tend parfois à rire involontairement avec des dialogues vraiment cons-cons...
Mais en contrepartie, on a droit à des moments magiques comme cette superbe scène de tango (et c'est un fervent détracteur des scènes de danse dans les films qui vous parle) avec une Veronica Ngo à vous faire couler un filet de bave sur le coin de la bouche...
Là où par contre Clash tire son épingle du jeu, c'est sur ses scènes d'action, et on en a pour son argent aussi bien en matière de gunfights que de combats à main nue. Nos deux acteurs principaux l'ont déjà démontré avec The Rebel, ils savent lever la jambe et ils le font bien. Mais le film se veut un peu plus original qu'à l'accoutumé et nous propose des prises et des coups qu'on a moins l'habitude de voir dans ce genre de films mais plutôt dans un match de catch ou d'UFC, avec des clés de bras et autres étranglements principalement lors d'une scène contre trois français bodybuildés en slip (si si !). Cette scène mémorable de part ses participants dénudés parlant la langue de Molière est néanmoins un des meilleurs moments du film avec des chorégraphies sèches, nerveuses, où les coups sont souvent réellement portés (sont fous ces mecs...) et font parfois mal à voir... Le final sur les quais est lui aussi une bien belle réussite dans son genre, intense, avec des artistes martiaux au top de leur forme nous délivrant à la fois des coups simples pieds poings et des enchainements beaucoup plus acrobatiques (sans être câblés).
Le film pêche un peu plus dans ses gunfights. Même s'ils restent correctement emballés, n'a pas la verve d'un John Woo qui veut et leur mise en scène est un peu bancale voire quelconque. On reste dans quelque chose de correct mais comparés aux autres scènes d'action, on ne peut s'empêcher de dire qu'un effort aurait pu être fait.
Même s'il est rempli de défauts et qu'on est parfois plus en présence d'un nanar de luxe que d'un vrai bon film, Clash aka Bay Rong est un solide divertissement en provenance d'un pays pas habitué à ce genre de production. Voilà un film parfait pour passer un bon moment sans se prendre la tête et on espère que le cinéma vietnamien continuera sur cette lancée mais en évitant toutefois le piège d'essayer d'américaniser un max sa production pour une exportation mondiale comme c'est au final un peu le cas avec Clash.
Une bonne petite série B.