Un produit dérivé de l'ultraviolence
Que dire sur ce film si ce n'est qu'il me paraît être l'une des oeuvres cultes des années 80 ? Enfant indirect d'"Orange Mécanique", on en ressent toute l'influence, couplée aux mouvements contestataires issus de l'anarchie & des racines punk qui étaient d'actualité à l'époque.
Alors, en quoi ce film peut-il réellement marquer les esprits ? Par sa violence ? Non. Beaucoup de films la traitent d'une bien meilleure manière. Ici les personnages sont à la limite du caricatural, on grossit les réactions, & les scènes "choquantes" sont d'origine insensée la plupart du temps : il s'agit presque d'une critique du mouvement anarchiste en lui-même. Les thématiques classiques de l'époque, qui faisaient souvent passer les jeunes excentriques pour des branleurs ou des personnes dangereuses, & les vieux pour les victimes innocentes, sentent le réchauffé de nos jours, la magie n'opère plus.
Mais remettons les choses dans leur contexte : outre la violence illogique & injustifiée, on peut affirmer que l'intrigue est très finement menée. Je me souviens que ce qui m'avait tenu en haleine lorsque j'étais encore enfant, c'est que ce film parvient à laisser planer un suspens constant dans sa propre atmosphère. On n'est jamais tranquille, on ne sait pas à quoi s'attendre, & chaque confrontation entre adultes & rebelles maintient le spectateur au fond de son siège jusqu'à la fin du film.
Parlons-en, d'ailleurs, de la fin : prévisible, décevante, il s'agit bien là du point le plus négligé du film. Mais on ne le retiendra pas, car beaucoup d'oeuvres de cette période avaient la fâcheuse tendance de se terminer par un very-happy-end ou une césure complète qui amenait à une plus ou moins grosse déception.
Alors comment résumer tout le génie de ce film ? Bourré de références, avec une bande-son respectable, des acteurs convaincants malgré des dialogues parfois absurdes & des attitudes franchement abusées, une réalisation impeccable, etc. Il pourrait être un grand classique, seulement, quelques éléments divers, petits, mais importants, font penser à un film de seconde zone, voire parfois à un téléfilm, & la facilité du choix de la fin laisse pantois.