Cette petite série B que certains considèrent désormais comme culte (pourquoi pas ?) reste, en dépit des années qui passent, un très sympathique divertissement. Tout à fait dans l’esprit des films du début des années 80 entre « revenge movie » et film d’anticipation, on retrouve des personnages complètement givrés (ici des lycéens qui s’intéressent visiblement peu aux fonctions linéaires ou à Kant), qu’on peut assimiler à des punks ou des loubards typiques de l’époque. À force de bouffer de la came et d’être dévorés par le nihilisme, ils finissent par intimider tout le monde, causer la mort de certains petits camarades et violer les femmes de leur prof. Comme au bout d’un moment, ça commence à faire beaucoup, le gentil prof idéaliste qui est dans leur collimateur finit par péter les plombs et n’a plus qu’une idée en tête, leur faire bouffer les pissenlits par la racine.
C’est souvent démago, sans la moindre once de subtilité et complètement outrancier, mais c’est vraiment bien fichu et on cède sans mal à ce plaisir coupable. Porté par un Perry King vraiment à l’aise dans son rôle et une bande de jeunes tous impeccablement détestables, le film enchaîne les scènes d’intimidation jusqu’à faire basculer tout ce beau monde au-delà de la raison. Il faut attendre la toute dernière ligne droite pour voir un peu d’action et les vilains méchants petits canards se faire dessouder les uns après les autres mais Mark L. Lester sait suffisamment faire monter la sauce pour que le règlement de compte soit à la hauteur de nos attentes. Vilipendé à sa sortie pour sa violence, le film paraît aujourd’hui bien sage. Pire que ça, il se révèle par endroits prophétique.
Si son esthétique très 80’s rend l’ensemble par moments daté, il permet de replonger dans une décennie où la violence gangrenait toute la société jusque dans ses établissements scolaires bardés de graffitis obscènes. Dans ses moments les moins réussis, il ressemble parfois à un épisode de 21 Jump Street mais il est le vrai témoin d’une époque qui prolonge, d’une façon ou d’une autre, celle de Graine de violence ou de Orange mécanique. On comprend par moments assez mal comment ces cinq têtes de c… peuvent asservir tout un établissement et toute une ville mais ce type de films n’est pas là pour s’attarder sur ces quelques détails. C’est une bonne série B qui doit s’apprécier pour ce qu’elle est.