Class of 1999
5.4
Class of 1999

Film de Mark L. Lester (1990)

Parler aujourd’hui de ce bijou d’anticipation sans tomber dans les éternelles redites admiratives n’est plus chose aisée, Class of 1999 n’est plus un film que l’on présente, à l’heure où plus des deux tiers des tops 10 films de SensCritique proposent cette oeuvre dorénavant communément admise comme intemporelle. Tout au plus, le spectateur béat se laissera aller à quelques mots défiant tous les excès pour décrire son émoi fasciné.


La date de sortie de ce film, on la connaît, c’est évidemment l’année où Stanley Kubrik a annoncé, par un ton pollué d’amertume, que son plus grand remord serait désormais de ne pas avoir eu l’idée avant Mark L. Lester. C’est en cette année 1990 que le réalisateur entré au panthéon du cinéma 5 ans plus tôt, alors qu’il était oscarisé pour son oeuvre culte Commando (qui prima également Schwarzenegger comme meilleur acteur et Power Station pour We Fight For Love comme meilleure chanson originale) offrit sa vision lugubre et sarcastique de la jeunesse à l’histoire du cinéma, oeuvre à la mesure de son ambition, drame scolaire carcéral à mi-chemin entre Mad Max 2, Fortress et L'Instit'.


Lester n’en est alors qu’à ses débuts, et même si son chef d’oeuvre a déjà vu le jour, gravé dans l’odyssée de John Matrix, c’est un réalisateur plein de fougue et de talent en réserve qui se lance dans ce projet virulent sur une jeunesse livrée à elle même, perdue dans les affres d’une société décadente, sans repères, sans modèles, idolâtrant la violence et l’anarchie comme les icônes de l’accomplissement de soi. C'est le Lester de l'entre deux, peut être lancé ici dans on oeuvre la plus personnelle, après avoir revisité le mythe d'Hercule et avant ses pamphlets dressés à la face de la science que seront plus tard ses deux classiques Pterodactyl et Poseidon Rex. Lester peint une fresque traversée par des êtres déchirés, entre deux âges, bloqués dans l’enfance torturée d’un caprice expiatoire jamais assouvi, comme autant de Prométhée chaque jour confrontés à l’éternel recommencement. Et Lester convoque des cyborgs. Des profs cyborgs comme antidote au poison de l’indiscipline scolaire et de la béance du savoir. Des profs mécaniques dotés d'un programme de rééducation pour engendrer les germes d'une nouvelle civilisation. Et dotés aussi de gros lances-flammes pour les finitions. Devant ces images, devant les bus jaunes blindés et le lycée cerné de miradors, nous sommes devant les doigts d’acier soudés autour d’une école asphyxiée.


C’est devant la célèbre scène de la fessée, alors qu’un cyborg grisonnant corrige le séant potelé d’un malfrat un peu trop turbulent en classe, que Terence Mallick (un réalisateur de documentaires National Geographic) a déclaré “La question de peindre après Picasso semblait déjà ardue, mais celle de filmer après Mark L. Lester reste la plus grande colle de l’histoire”. C'est avec ces choix sans concession, cette acidité libérée pour son époque et un certain sens de l’humour relevant ses mets que Lester a forgé sa légende, surpassant ses inspirations comme ses contemporains d’une bonne longueur. Un indispensable qui restera encore longtemps une référence à méditer.

zombiraptor

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