Perle du cinéma sociale totalement oublié, à l'image de son réalisateur John Berry, dont la carrière fut brisée par la Liste Noire du Maccarthysme. Après un exil en France ou il tourna des polars de série B (et dirigera même notre Johnny nationale dans un film), il retourne aux Etats-Unis et profitera du Nouvel Hollywood pour réaliser ce film, le seul qui vaille la peine d'être retenu de la fin de sa carrière.
Si John Berry avait été noir, ce film trônerait surement aujourd'hui en belle place dans le cinéma de Blaxploitation (casting entièrement noir, contexte sociale des noirs américains, musique funk). Et tout néophyte aurait d'amblée parié que le réalisateur de ce film était un black, tant l'ambiance de la communauté noire américaine y est bien reproduite. Perdu !... Mais "Claudine" est un bien film de Spike Lee, 10 ans avant Spike Lee, croisé avec le cinéma de Ken Loach pour son aspect sociale dénonçant l'absurdité les services sociaux américains de l'époque. C'est un vrai film d'auteur noir, qui nous renvoie à la figure que la condition de cette communauté n'a guère évoluée depuis, à l'heure des manifestations Black Lives Matter.
Mais le film est aussi un formidable terrain de jeu pour James Earl Jones, le célèbre second rôle du cinéma américain (Dark Vador), qui tiens ici un de ses seuls premier rôle de sa riche carrière. Passant du frimeur séducteur, au père de famille accablé par ses responsabilités, l'acteur peut montrer tout son potentiel dans ce film.
Enfin, il faut citer l'excellente musique de Curtis Mayfield, flirtant souvent avec la comédie musicale, qui donne du groove au film et l'aide à ne pas sombrer dans le misérabilisme. Car aussi sombre soit le scénario, deux accords de Gladys Knight et voilà tout le monde qui de met à danser façon Soul Train dans le film. Quelle belle leçon de vie !