Le passé appartient au présent
Je suis fan de Larry David. J'adore "Seinfeld" et "Curb". Pourtant, il m'agace parfois. C'est contradictoire. Ce qui m'énerve, c'est le fait qu'il réutilise toujours la même structure. Au point que son départ de la série "Seinfeld" aura permis au show de respirer un peu, de se renouveler. "Curb" me fera toujours rire, mais une fois qu'on a compris le concept, il n'y a plus vraiment de surprise. "Clear history" est construit comme un épisode de "Curb". C'est donc très drôle et très frustrant à la fois.
Par là, j'entends la façon d'amener la fin explosive, la façon dont toutes les intrigues vont trouver une consécration en même temps, pour donner lieu à un climax formidable, c'est vrai, mais attendu, tellement attendu. Mais bon, en contre-partie, l'humour est toujours très réussi. C'est d'ailleurs étrange de voir un tel genre d'humour pour un film et non pour une série. Cela se répercute sur une mise en scène étrange. J'ai tout de même été étonné de la vulgarité de certains dialogues, ça c'est plutôt inhabituel chez LD (sans être dérangeant, je rassure). Certainement la touche Mottola ? Précisons que comme pour "Curb", la plupart des dialogues ont été improvisés, et vu les acteurs choisis pour interprêter ces personnages secondaires, pas étonnant que ça flirte avec quelque chose de plus vulgaire.
On peut aussi reprocher des problèmes à la structure. Certes, j'ai beaucoup ri, mais je me suis ennuyé aussi à cause de chutes de rythme. "Clear history" semble être construit comme l'association directe (coller bout à bout) de 4 ou 5 épisodes d'une série qui pourrait être "Curb" (Rolly ressemble tellement à Larry, c'est le même humour, la même construction, j'insiste) ; le fait est, l'objectif change toutes les 20 minutes. Et à chaque changement il faut se réhabituer, re-rentrer dans l'histoire, découvrir les nouveaux conflits. Et cela casse un peu le rythme. Ecrire un film, ce n'est pas la même chose qu'écrire un épisode de série.
Les personnages sont assez sympathiques. Une fois de plus on retrouve une gallerie qui rappelle les amis de Larry dans "Curb" (ne fut-ce que la femme autoritaire). N'empêche qu'ils sont assez bien écrits, très drôles.
Mais cette drôlerie ne serait rien sans les acteurs qui portent à merveille ces personnages. Un casting étonnant pour un 'simple' téléfilm. Je n'étais pas au courant de toutes les guests, ainsi quel plaisir d'en découvrir certaines (dont une où je n'étais pas sûr au début que ce soit bien lui et qui m'a bine fait rire). Larry toujours en forme. Et enfin le travail de Mottola. Un découpage un peu surprenant donc pour un film ; en même temps c'est pour la télé, donc moins de budget : peu de plans ambitieux, caméra discrète qui filme les acteurs à distance pour bien voir les gags. pas trop loin quand il s'agit de joutes verbales (nombreuses).
Bref, ce "Clear History" me faisait peur et à juste titre. Larry David ne sait pas écrire pour un long métrage (il s'était d'ailleurs bien planté avec son "Sour Grapes"), le film souffre ainsi de cruels chutes de rythme. MAIS, le scénario comporte des gags tellement drôles et un casting tellement investi et capable de bonnes impro qu'il est bien difficile de passer un mauvais moment. J'ai eu plusieurs fous rire durant le film et c'est sans doute pour ça que je suis si indulgent face aux lacunes dramaturgiques. Vivement son prochain projet !