J'ai suffisamment d'affection envers Kevin Smith pour lui laisser le bénéfice du doute malgré Jay & Silent Bob Reboot. Mais après Clerks III, je dois bien me rendre à l'évidence : la comédie a perdu l'un de ses grands noms, car ce film a essayé d'être drôle pendant presque deux heures, mais n'est jamais parvenu à m'arracher plus qu'un bref sourire.
Ceci dit, en tant que drame, Clerks III est étonnamment compétent, et m'a bien plus ému que je l'aurais cru possible. Brian O'Halloran et Jeff Anderson apportent une sensibilité inespérée à ces personnages que l'on connaissait surtout pour leurs déboires humoristiques et Smith puise une fois de plus dans son histoire personnelle : son récent accident cardiaque et la genèse de son premier film, pour nous parler d'héritage, de mortalité, de deuil et surtout d'amitié.
Malheureusement, c'est tout le bien que je peux dire du film, car absolument tout le reste est un ratage artistique sans précédent : bande son pénible, script meta imbitable qui nous refait des passages entiers de Clerks, les fausses dents de Jay qui font mal aux yeux et – comme dans son précédent film – l'image est d'une laideur sans nom.
Dans le meilleur des cas, on dirait un mauvais sitcom, mais c'est souvent bien pire que ça, et la plupart des éclairages sont tellement artificiels que même les scènes dans le Quick Stop donnent l'impression d'avoir été tournées sur fond vert. C'est certainement le film le plus moche que j'ai vu depuis Catwoman en 2004.