Ce n'est pas parce que rien ne change que rien n'a changé

C'est clairement le moins bon des trois volets, une énième suite qu'on n'attendait pas à vrai dire, puisque Clerks 2 devait clôturer cet univers. Mais bon, j'avais trouvé cette déclaration assez ridicule à l'époque, c'est pas plus mal qu'il l'ait déjà rouvert avec son reboot de Jay & Silent Bob, qui n'était pas extra si mes souvenirs sont bons.


Mais tout n'est pas à jeter dans ce film. Déjà proposer un travail sur le deuil, c'est assez surprenant mais surtout, la conclusion est assez couillue (je vois mal comment faire un clerks 4 pour le coup, mais tout est possible dans l'univers d'un Dogma...). Le début fait un peu peur, car l'humour et les dialogues sont assez ringards, mais petit à petit des choses intéressantes sont amenées et même les gags semblent plus travaillés, aboutissent ainsi à quelques phases de rire plaisantes. Le côté méta est assez bizarre, parfois l'auteur se repose un peu trop sur les séquences 'montage' où on enchaîne des moments 'sympas de tournage', l'aspect nostalgie revient ainsi en force (et par là Kevin Smith rejoint les nombreux cinéastes ayant décidé de revenir sur leurs jeunes années, depuis quelques temps) mais c'est un peu facile et surtout Smith s'évite ainsi le développement de séquences plus importantes. Le film reste ainsi assez léger, pas aussi profond que les deux précédents films, malgré un sujet plus dramatique ; en même temps l'exercice était périlleux, en approfondissant davantage, ça aurait pu tourner au film dramatique un peu misérabiliste.


La mise en scène sent le fauché. Mais le fauché en 2022, ce n'est pas la même chose que le fauché en 1994, l'aspect visuel est moins sexy. Le découpage et le montage sont parfois assez maladroits, avec une mauvaise gestion du rythme qui flingue un peu certains gags ou l'aspect dramatique. Les acteurs font globalement du bon travail, ça fait plaisir de retrouver les habitués de Smith (même Ben Affleck a répondu présent, par contr eje n'ai pas vu ou pas reconnu Jason Lee) ; la prestation de Brian O'Halloran est assez inégale, parfois il a l'air complètement à la ramasse et à d'autres moments il est époustouflants (ses scènes avec Rosario Dawson par exemple).


Autre particularité du film, c'est le thème du vieillissement. On a déjà vu des suites permettant de retrouver des acteurs des années après, marqués par les années, mais je trouve que ça n'a jamais été aussi affirmé qu'ici : voir toutes ces gueules de petits acteurs qui n'ont pas le secret des grosses stars pour rester jeunes en apparence, le voir décrépis, ridés, vieux, pas super en forme, amincis ou grossis, ... c'est une sacrée claque, ça nous renvoie inéluctablement vers notre fragilité (et ça rejoint le thème principal du film). Et juste pour ça ce film est beau à regarder.


Bref, ce dernier opus est particulier, par le thème principal ; certes il n'est pas abouti mais il reste distrayant pour ceux qui aiment le cinéma et le style de Smith.

Fatpooper
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le 23 déc. 2022

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Fatpooper

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