Pas une critique, extraits articles dont Le Monde

Pas une critique, extraits articles dont Le Monde


https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/06/10/cleves-sur-arte-la-fureur-de-vivre-d-une-adolescente_6129758_3246.html


« Clèves », sur Arte : la fureur de vivre d’une adolescente


Rodolphe Tissot signe une adaptation plus que réussie du roman de Marie Darrieussecq. Rarement les questionnements et les frémissements d’une jeune fille auront été si justement rendus.


Par Emilie Grangeray Publié le 10 juin 2022 à 18h30


C’est rare, si rare, de si bien dire et montrer l’adolescence, le désir, le sexe, les premières fois. Les heures passées à attendre – quoi ? –, à choisir – qui, lui ou un autre ? Les peines, les joies, les déceptions – puissance mille décuplées. Les copains et la solitude, aussi. Et les films qu’on se fait, les histoires qu’on se raconte. Aux autres, à soi. Rare de si bien rendre ces moments où tout se mélange, entre peluches et dessous chics.


C’est si rare et, pourtant, c’est ce que réussit admirablement Rodolphe Tissot avec Clèves – qui remportait, lors de la dernière édition du Festival de fiction de La Rochelle, le Prix de la meilleure réalisation, et Louisiane Gouverneur, l’actrice principale, celui du jeune espoir féminin (même si tout le casting est impeccable : Vincent Deniard, Aymeric Fougeron et Sarah Suco). Pour ne rien gâcher, de même qu’il y a parfois des histoires touchées par la grâce et des fins heureuses, Clèves est non seulement une adaptation réussie du livre éponyme de Marie Darrieussecq, mais la romancière est enthousiaste : « J’ai trouvé la transposition de Rodolphe Tissot très forte et audacieuse : tout en prenant des libertés, elle est assez fidèle au fond. »


« L’angoisse d’être vierge »


Rappelons donc le fond. Dans Clèves (P.O.L, 2011), Marie Darrieussecq contait l’histoire de Solange, qui, dans la moiteur de l’été basque de ses 15 ans, n’avait qu’une envie : être libérée de « l’angoisse d’être vierge », et, donc, « le faire ». Même si le prince n’était pas si charmant, ou alors trop vieux pour elle. Rodolphe Tissot se souvient : « A la lecture, j’ai eu un véritable coup de foudre. J’avais l’impression que Marie Darrieussecq me racontait ma propre adolescence. Et puis nous sommes de la même génération, et elle racontait aussi les années 1980, la vie en province. »


« Clèves » est le récit d’une adolescente, et sa façon d’appréhender la vie, d’explorer son désir

Pour autant, Rodolphe Tissot a choisi de camper son Clèves en Haute-Savoie (son adolescence à lui), aujourd’hui. A la fois par crainte de tomber dans la nostalgie et parce que, nous dit-il, « même si la société a évolué, et c’est heureux, notamment depuis #metoo, je pense que les émotions adolescentes sont toujours les mêmes ».


Alors, certes, davantage peut-être qu’un coup de fil, c’est désormais un like sur sa « story » Instagram que l’on attend. Mais Barthes et ses Fragments d’un discours amoureux ne sont jamais très loin, tant il y a quelque chose d’absolument universel et intemporel dans le fait de tomber et d’être amoureux – a fortiori les premières fois. Pas plus que n’ont changé – « hélas », comme le fait remarquer Marie Darrieussecq –, « toutes ces relations que les adolescents d’aujourd’hui décrivent comme “toxiques” : on continue de confondre faire l’amour et dominer ». Et l’autrice de préciser : « J’ai trois enfants, qui ont aujourd’hui 21, 18 et 13 ans, lesquels, tous féministes, m’apprennent beaucoup, et je suis complètement raccord avec la génération #metoo, même si j’ai écrit Clèves avant. »


Lire aussi : Marie Darrieussecq : « Un garçon respectueux n’était pas un vrai mec et moi-même, j’étais formatée au point d’être très amoureuse d’un garçon qui me dominait »


D’ailleurs, ne nous méprenons pas, ce n’est pas un livre ni un film sur le consentement, et Solange est un personnage, et non un exemple. C’est plutôt le récit d’une adolescente, et sa façon d’appréhender la vie, d’explorer son désir – « et le désir, c’est tout sauf policé », rappelle Marie Darrieussecq.


« Les soupirs de Solange »


C’est donc et tout à la fois cruel et tendre, douloureux et joyeux, maladroit et sensible, violent, parfois, et c’est ce que filme si justement Rodolphe Tissot, qui, loin des clichés, évite complaisance et érotisme et montre les hésitations et les malaises, le pendant et l’après. Assisté de Maryam Muradian – une « coordinatrice d’intimité », un poste assez répandu dans les pays anglo-saxons, mais qui n’existe pas encore vraiment en France –, il a filmé avec beaucoup de respect et de douceur les scènes de sexe afin que « cela ne soit pas traumatisant pour les comédiens ».


De même a-t-il eu la délicate intelligence de s’entourer d’une équipe largement féminine : scénariste, monteuse, accessoiriste ; « ce qui n’est pas anodin, quand on sait que c’est l’accessoiriste qui vient, par exemple, déposer le sperme sur le ventre de la jeune actrice ». De même a-t-il eu l’envie de travailler avec des monteuses son, Fanny Martin et Jeanne Delplancq, parce qu’« il était important pour moi que des femmes prennent en charge les murmures, les soupirs de Solange ».


Mais, là encore, si Clèves est, en ce sens, réaliste, ce n’est en aucun cas un documentaire naturaliste. C’est – et ce qui le rend sans doute plus fort encore – un film d’une rare beauté qui raconte, de l’intérieur et au plus près, la piqûre de la chair et la fureur de vivre d’une adolescente. Réalisateur de la fiction multiprimée La Tueuse (2009) et cocréateur de la série Ainsi soient-ils (2012), Rodolphe Tissot avait en tête A nos amours (1983), de Maurice Pialat, et Trop de bonheur (1994), de Cédric Kahn. Il faudra désormais et aussi compter sur la lumière de Clèves.


Clèves, réalisé par Rodolphe Tissot d’après le roman de Marie Darrieussecq (Fr., 2021, 109 min). Avec Louisiane Gouverneur, Vincent Deniard, Aymeric Fougeron, Sarah Suco. Sur Arte.tv jusqu’au 7 septembre.


=============================================


https://www.telerama.fr/ecrans/cleves-sur-arte-le-film-se-deroule-dans-la-zone-complexe-du-consentement-force-7010839.php


“Clèves”, sur Arte : “Le film se déroule dans la zone complexe du consentement forcé”


Marianne Levy Publié le 10/06/22


Avec “Clèves”, adaptation du roman éponyme de Marie Darrieussecq, le réalisateur Rodolphe Tissot signe un téléfilm poétique et violent. Au centre, la problématique du désir des hommes auquel les jeunes filles se retrouvent parfois soumises.


Entretien.


À Clèves, village niché au cœur de la Haute-Savoie, l’été de Solange, 15 ans, passe au ralenti. Seuls ses élans amoureux font naître l’espoir illusoire d’en finir avec la solitude… Adapter après #MeToo le roman de Marie Darrieussecq, lui-même tiré de La Princesse de Clèves, l’entreprise était ambitieuse et délicate. Mais le réalisateur Rodolphe Tissot parvient à capter avec intelligence la tempête de l’adolescence et l’éveil à la sexualité.


Vous avez souhaité adapter le roman de Marie Darrieussecq en le transposant aujourd’hui, à l’ère post-#MeToo. Pourquoi ?


Le livre de Marie se déroule dans les années 1980 mais je n’avais pas envie de faire un film « souvenirs » ou nostalgique, même si de très belles œuvres évoquent l’adolescence de leur réalisateur. Il y a aujourd’hui une conscience plus forte des jeunes sur ce qu’est le consentement, et les réseaux sociaux permettent la libération de la parole. Cela n’existait pas à mon époque. En revanche, le porno était très marginal, alors qu’aujourd’hui, en deux clics, on peut tomber sur des images vraiment hard et dévalorisantes pour les femmes. Le contexte est donc différent. Mais ce qui est permanent, même si les lignes ont commencé à bouger, ce sont toutes les problématiques exposées dans le roman, du désir des hommes auquel les jeunes filles se retrouvent soumises, à la masculinité toxique ou le fait qu’il n’y ait rien de plus important à l’adolescence qu’un coup de fil qu’on attend… Ramener tout cela à notre époque, après #MeToo, me paraissait pertinent....


Cet article est réservé aux abonnés


==============================================


https://www.programme-tv.net/news/series-tv/303363-cleves-arte-un-telefilm-sulfureux-et-perturbant-sur-le-desir-feminin-portee-par-une-jeune-comedienne-magistrale/


Ce téléfilm d'Arte va évidemment diviser. Diffusé ce 10 juin sur la chaîne franco-allemande (et déjà disponible sur Arte.tv), Clèves suit le parcours initiatique d'une jeune femme qui s'éveille à la sexualité.


Ce vendredi 10 juin, à partir de 20h55, Arte diffuse le téléfilm inédit Clèves. Adaptation libre du roman éponyme de Marie Darrieussecq publié en 2011, la fiction suit la jeune Solange, 15 ans. Dans son petit village de Savoie, la jeune femme grandit avec une mère commerçante quelque peu dépressive et un père bien trop souvent absent. Mais à son âge, Solange rêve d'émancipation, d'amour et de découverte… Présentée en 2021 au Festival de la Fiction TV de La Rochelle, la série est repartie avec deux prix ; celui de la meilleure réalisation pour Rodolphe Tissot (Ainsi soient-ils) et celui du jeune espoir féminin pour Louisiane Gouverneur, l'actrice principale du téléfilm. Plébiscitée par le public, que vaut réellement Clèves ? Télé Loisirs a pu le voir et vous donne son avis.


Un téléfilm sulfureux et perturbant sur le désir féminin


Pas vraiment adulte et plus vraiment une enfant, Solange rêve du grand amour. Entre espoirs et désillusions, elle va tenter de trouver sa place. Fiction bien de son époque, Clèves raconte les peines adolescentes, sans fard, sans fioritures, souvent de façon dérangeante et brutale. Qu'est-ce qu'être une jeune femme au XXIe siècle ? Qu'est-ce que le désir et le consentement ? Le téléfilm interpelle et interroge. Il gênera, aussi, plus d'un téléspectateur. Nombreuses sont les scènes de sexualités, qui pourront paraître choquantes, voire malaisantes. Filmées avec l'aide d'une coordinatrice d'intimité, ces dernières ont été préparées en amont, comme des chorégraphies, répétées et surtout validées par les comédiens eux-mêmes. Dans Clèves néanmoins, jamais la sexualité n'est gratuite, ni filmée de manière dégradante pour sa jeune actrice principale. Perturbant donc, mais aussi délicat dans son approche, ce téléfilm dresse le portrait solaire d'une jeune femme à la recherche de son propre désir, qui fait des erreurs, prend conscience de son propre pouvoir de séduction, mais doit aussi faire face à la brutalité des hommes.


La jeune comédienne Louisiane Gouverneur est LA révélation du téléfilm Clèves !


Elle crève littéralement l'écran ! La jeune Louisiane Gouverneur, qui avait 19 ans au moment du tournage, porte la fiction sur ses épaules et nous transporte dans l'univers de son personnage Solange. Le réalisateur Rodolphe Tissot a révélé avoir vu "beaucoup de Solange potentielles", mais selon lui, Louisiane Gouverneur était "la plus lumineuse" et capable de "jouer sur plusieurs registres". La fraîcheur de la jeune comédienne l'emporte et hypnotise.


=======================================


édité le 13 Juin 2022

Jean-2022
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 13 juin 2022

Critique lue 490 fois

10 j'aime

5 commentaires

Jean-2022

Écrit par

Critique lue 490 fois

10
5

D'autres avis sur Clèves

Clèves
Lulupisces
2

Male Gaze 2.0

Récit d'une adolescente découvrant sa sexualité à la manière dont les adultes (et en particulier les hommes) s'imaginent (ou fantasment?) sur la vie sexuelle des jeunes.Sous couvert de découverte de...

le 9 juil. 2022

8 j'aime

2

Clèves
JuForJuli8
9

Clèves, ou la (re)découverte de soi.

C'est un sentiment étrange qui m'emplissait après le visionnage de Clèves, avec deux amies.Comme si le film avait capté en nous l'essence d'une époque où l'on se découvre et, surtout, où l'on se...

le 16 juin 2022

3 j'aime

Du même critique

Mon homme
Jean-2022
8

Juste pour Anouk

Juste pour Anouk Le 8 c'est essentiellement pour le souvenir d'Anouk Grinberg dans ce film, pas un grand Blier peut-être ? parfois vulgaire ? peut-être. Mais, avec une fantastique arrivée d'Anouk...

le 17 oct. 2020

10 j'aime

22

C'est quoi le bonheur pour vous?
Jean-2022
8

C'est quoi le bonheur pour vous?

Parfois maladroit, parfois une apparence simpliste comme discours, mais des vérités essentielles, mais de la justesse, mais des témoignages éloquents. Bref une excellente piqure de rappel sur ce...

le 4 mai 2021

9 j'aime

26