Ce premier long-métrage de Maja Milos, réalisatrice serbe de 30 ans, est un film à voir avec l'esprit grand ouvert et le cœur bien accroché.
Clip est glauque, à la limite de l'abject, et assez tordu... il faut mieux être averti !
L'histoire est celle de Jasna, une ado de 16 ans qui passe son temps accrochée à son téléphone, filmant tout ce qu'elle voit, tout ce qu'elle vit... on ne saura jamais vraiment pourquoi, mais on constate qu'elle ne lâche jamais son mobile.
Comme beaucoup d'ados de son âge, elle a rompu le dialogue avec ses parents (malgré l'état de son père, gravement malade), se fout de ses cours et consacre une bonne partie de son temps à la fête, l'alcool (fort) et la drogue (coke)... Et quand Jasna tombe amoureuse de Djole, un garçon de sa classe, elle adopte une curieuse méthode de séduction.
Complètement en manque de repères, noyée dans un monde où la pornographie est accessible à tous, et comme si elle pensait tout savoir des relations amoureuses, elle se comporte avec lui comme une pute, allant jusqu'à mettre en péril sa dignité et son intégrité physique.
Difficile de ne pas être bousculé par ce film qui ne nous épargne pas grand chose. C'est d'ailleurs le principal reproche que je ferai à la réalisatrice qui a choisi de tout montrer, là où suggérer aurait pu être aussi pertinent.
Clip, qui est interdit au moins de 16 ans (et c'est carrément justifié), lorgne un peu trop souvent du côté d'une forme de porno trop morbide à mon goût. Difficile de ne pas être mal à l'aise, d'autant plus que les décors tristes de cette petite ville serbe n'arrangent rien...
On pense à Kids de Larry Clark, au récent Spring Breakers d'Harmony Korine, dans cette façon d'offrir un portrait complètement désenchanté de l'adolescence.
Violent, sans concession, sans jamais prendre de gant avec le spectateur, Clip, dont l'actrice principale Isidora Simijonovic offre une prestation ahurissante, et malgré sa note d'espoir extrêmement tordue qui survient à la fin, n'est pas un film complètement recommandable... d'autant plus qu'on finit par se demander si tout ça était vraiment nécessaire.