Six ans que Jonathan Mostow n'était plus repassé derrière la caméra pour les besoins d'un long métrage hollywoodien, depuis le très décevant Terminator 3 : le Soulèvement des Machines. Cette fois, le cinéaste tient un scénario en or, adapté du comic book "Surrogates" de Robert Venditti et Brett Weldele, dans lequel l'humanité vit par procuration à travers une version robotisée d'eux-même et ainsi contrôler à distance leur avatar tout en conservant leur intégrité physique bien à l'abri dans leur domicile. Un système fortement remis en question le jour où le meurtre d'un utilisateur à travers son double oblige deux agents du FBI à découvrir les failles d'un mode de vie où tout n'est qu'apparence.
Au delà du simple constat que l'intrigue est cousue de fil blanc, rendant caduc chaque tentative de rebondissements, le plus dérangeant avec Clones est que Mostow ne fait pas grand chose de l'univers foisonnant dont il dispose : dépourvue de sa substantifique matière première, l'histoire se contente au final d'aller à l'essentiel, l'action (et, in extenso, le divertissement), sans prendre le temps d'élaborer, de construire un regard, ou même de réellement chercher à marquer les intentions originelles qui sont on le rappelle une critique acerbe de notre accoutumance à vivre à travers la technologie. Tout ici n'est affaire que de sauts, de poursuites, et d'indigence, car pour le côté spectaculaire on repassera. Le film d'anticipation qui se regarde grâce à l'attachement du public pour Bruce Willis que l'on a connu en meilleure forme, avec des seconds rôles traités avec autant de considération que le décor. Ou, pour reprendre à bon compte le slogan sur l'affiche, "un intérêt virtuel, une déception réelle".