Il n’y a pas de clones dans Clones ! Ça paraît incroyable mais il y eu abus de langage, tromperie sur la marchandise et elle ne s’arrête pas là. On sent bien que Jonathan Mostow s’inspire des films d’anticipation qui l’ont précédé tels que Bienvenue À Gattaca, The Island ou encore Time Out, ces films décrivant une société oppressante et dictatoriale, proche de la nôtre mais ayant basculé de manière définitive dans un de ses travers, dans une de ses faiblesses. Seulement voilà, il nous présente un univers sans y placer d’enjeu philosophique majeur, ou alors exploité en une vingtaine de secondes, sans aucune crédibilité et qui sent l’alcool frelaté à plein nez.
C’est une société dans laquelle la réalité virtuelle a fait des progrès fulgurants, chacun reste chez soi, des lunettes numériques sur le nez et dirige à distance un androïde, comme un avatar, qui lui ressemble et vit sa vie à sa place. Cela aurait eu avant tout pour effet de diminuer la criminalité et de permettre aux moches d’avoir de beaux avatars, voilà donc les fameux enjeux philosophiques de Mostow. Rien sur la désincarnation des ces humains vivants par procuration, rien non plus sur la frontière de plus en plus ténue entre réel et virtuel. Comme dans chaque œuvre du genre, on trouvera la Résistance, le pro-avatars qui deviendra anti-avatars et les pro-avatars qui resteront pro-avatars, le tout pour terminer sur un twist final catastrophique qui, s’il n’est pas forcément prévisible, laisse totalement de marbre.
Clones n’est pas original loin s’en faut, mais c’est là son moindre défaut car il en bien d’autres. Il commet d’autres erreurs qui ont déjà plombé bien des films. La première est une véritable faute de rythme en début de film. On ne sait pas pourquoi mais il semble qu’un avatar qui se respecte se doit d’avoir une tête de déterré shooté au lexomil, les personnages sont lents, parlent sans émotions tels des statues de cire. Le résultat donne un film qui commence par se traîner du fait d’acteurs figés et ramollis (mais ils n’y sont pour rien) par un jeu stupide, c’est extrêmement désagréable et ennuyant, l’envie de décrocher est très présente. Cerise sur le gâteau, voir Bruce Willis (son avatar en fait) avec une moumoute rousse sur la tête et trois kilogrammes de fond de teint sur chaque joue donne la désagréable sensation d’être en train de rire parce-qu’on se paie sa tête et comme chacun sait, on ne se paie pas la tête de John McLane.
L’autre gros défaut du film se situe dans un anachronisme déjà vu plusieurs fois dans d’autres films et qui pourrait presque laisser penser à un manque de moyens. donc, Mr Mostow, quand on met en avant une technologie aussi évoluée que des avatars prenant la place d’êtres vivants, on ne décrit pas à côté un monde qui, technoligiquement, ressemble trait pour trait à celui dans lequel nous vivons aujourd’hui. On place dans le décor quelques voitures qui volent, de la nourriture lyophilisée ou encore des blousons auto-séchants, on fait un travail inventif cohérent à défaut de faire quelque chose qui colle trop à notre réalité. Si on ajoute à cela quelques éléments de l’histoire qui tombent comme un cheveu sur la soupe, sans explication genre : « Là j’avais envie de détruire une voiture, alors je l’ai fait… », l’instruction à charge commence à peser de tout son poids dans la balance.
Il n’y a guère que quand l’inoxydable Bruce Willis sort enfin pour de vrai de chez lui, que le film commence à avoir un peu d’intérêt. Il faut bien admettre qu’il va faire partie de ces acteurs charismatiques qui vont bien vieillir et à qui le « poivre et sel » va comme un gant. C’est à ce moment qu’on nous octroie quelques explosions et poursuites telles la charité à un mendiant. Mais à l’instar d’un mendiant nous n’avons droit, comme toujours, qu’aux miettes. Même le dénouement manque sa cible, là où il aurait fallu un peu de souffle, de l’ampleur et même une part de philosophie, la scène finale retombe plus vite qu’un soufflé et laisse dépités des spectateurs frustrés. Ce film aurait certainement pu être bon, s’il avait été un autre film…