Cloverfield par zombiraptor

Allez hop, je tape un p'tit truc vite fait là dessus.

Vous savez, je vous aime beaucoup. Vraiment. Je suis sincèrement sincère (et c'est pas souvent). Par "vous", j'entends la plupart des gens avec qui j'entretiens en ces lieux une quelconque relation d'ententes de goûts, d'intérêts divers, de conseils, de propositions, ceux dont j'ai plaisir à lire les critiques, ceux avec qui je converse ici ou là l'espace de quelques commentaires fugitifs sous une liste débile ou texte anodin. J'aime ceux qui ont cet intérêt commun pour tout ce qui est monstrueux, écailleux, plein de pattes, les tentacules ballottant, des yeux partout, le rugissement facile. J'aime ceux qui sont intrigués, fortement ou non par ce cinéma antédiluvien de la mise en scène de l'étrange. J'aime ceux qui n'en ont rien à branler mais qui gardent une sympathie un brin curieuse pour cette passion dévorante envers tout ce qui a une gueule pleine de dents ou un nom scientifique terminant par "saurus" ou "carcharias". Oui je vous aime beaucoup.

Alors ne vous en voulez surtout pas de m'avoir conseillé moultes fois cette merde, car de mon côté, je n'vous en veux absolument pas non plus. Croyez-moi, au fil des ans, j'ai déjà réussi à voir bien pire... Et de mon propre chef.

Je l'avais dit, j'avais prévenu. Je ne suis pas friand de caméra portée, et ce film partait déjà très mal dans mes à-priori. Mais en le lançant, j'étais honnêtement tout disposé à revoir tout ça différemment et à accepter de découvrir un coup de coeur inattendu. Bref, j'étais assez enjoué en fait. Pendant 11 secondes à peu près.

Dès le début, le film prend l'allure d'une vidéo virale rigolote Youtube créée pour faire le buzz ou la promo d'un futur blockbuster. Le style de truc "rigolo" sur deux minutes, mais qui, pendant 1h20, devient l'ennemi numéro 1 des yeux et du crâne, servant surtout à amener un intérêt renouvelé sur le cadrant de sa montre.

D'une platitude extrême, ce film qui pourtant se structure sur de la débandade non-stop, n'arrache pas le moindre intérêt pour qui attend d'être surpris une seconde par une réelle intention créatrice. Tenter la suggestion pour contourner les failles techniques c'est bien, très bien même, je suis le premier à encourager ça, mais utiliser une caméra qu'on jette dans tous les sens pour ne montrer que le résultat épileptique d'un manège-à-vomi n'est pas forcément la bonne solution. Le moyen caméra portée va bien plus loin que l'intention fort louable de jouer la suggestion, il piétine violemment l'essence du film de monstre réussi, s'épargnant ne serait-ce que la plus simple des mises en scène, dissimulant sa trouille de s'assumer totalement comme vrai film de monstre derrière ce trip-geek-horrifico-fun à base de beuveries, de gambettes à l'air, de hurlements désordonnés et d'invasions de créatures filmées sur un trampoline.

Il y avait pourtant quelques bons éléments, comme les créatures qui auraient pu être fort bien exploitées dans une optique différente et avec d'autres moyens... La caméra-épaule-branlante a déjà servi parmi les meilleurs films du genre (Monsters, District 9), mais ils ne partaient absolument pas sur les mêmes bases...
La caméra portée style "je suis dans l'action je filme mes amis" ampute tout ce qui fait l'intérêt d'un tel film, le placement d'une atmosphère, la création d'une tension croissante, la lisibilité, même évoquée, des mouvements de l'inconnu. Impossible ici de se laisser aller à une quelconque rêverie sur cette suite d'image effleurées, ce n'est qu'absurde bordel et personnages insipides dispersés...

Désolé, vraiment... (mais je vous aime beaucoup hein)