New York.
Des immeubles qui s'écroulent dans un immense nuage de fumée.
Des gens qui avancent, hagards, comme des fantômes dans un paysage de poussière et de débris.
Des bâtiments en flammes.
Des papiers qui volent.
Incrédulité.
Désordre.
Chaos.
Une impression de danger permanent.
Ne rien comprendre.
Entrapercevoir le danger.
Et fuir.
Être réduit à des instincts primaires dans la jungle urbaine de Manhattan.
Des questions : quoi ? Comment ? Que faire ? Où aller ?
En aucun cas ne songer à combattre.
Aucun héros.
Juste survivre.
Fureur.
Cris.
Explosions.
Comme une fin d'humanité.

Je sais que Cloverfield est un film plutôt controversé. Et j'écris cette critique pour dire tout le bien que j'en pense.
Car j'adore ce film.
Oui, je l'adore. Je ne me contente pas de l'apprécier.
Je me souviens encore de la première fois que je l'avais vu. Au bout d'une heure vingt, j'étais littéralement épuisé, scotché sur mon fauteuil. Au point que je suis retourné le voir deux jours plus tard.
Et déjà j'entendais les remarques de ceux qui n'ont pas su l'apprécier. "A quoi ça sert de faire un film où on ne voit rien !"
"Donnez-moi un camescope, je vous fait la même chose !"
"J'ai eu la nausée, c'est insupportable !"
Et être pourchassé par un monstre dans les rues new-yorkaises, tu crois que c'est supportable, peut-être ? (il se peut qu'à ce moment-là j'ai placé dans mes pensées un mot commençant par CONN et se terminant par ARD, mais ceci n'est pas le sujet de la conversation actuelle).
Ne rien voir, avoir cette sensation d'être perdu, ce malaise d'un danger permanent, le désordre absolu dans les rues, la fuite chaotique, c'est tout ça que j'ai aimé dans ce film.
Le parti pris de faire un film de monstres en found footage est un coup de génie et suffit pour faire de ce film une des plus grandes réussites du genre, à mon goût. Au lieu d'avoir des héros qui vont combattre un monstre numérique, nous avons des citoyens ordinaires, style jeunesse dorée, qui sont les victimes d'un cataclysme naturel monumental, quasiment invisible, donc encore plus dangereux. Car le danger que l'on ne voit pas est potentiellement présent partout.
La réalisation façon caméscope emporté par une des victimes permet de plonger le spectateur en plein cœur du chaos. Et c'est bien là-dessus qu'insiste le cinéaste. Cloverfield est, certes, un film de monstre, mais qui met l'accent sur la destruction, sur le chaos apporté par la bestiole. C'est du cinéma apocalyptique.
Une apocalypse facile à reconnaître. A travers certaines images, il est simple de revoir le 11 septembre qui traîne là sans oser dire son nom.

Niveau trucages, je trouve le film vraiment réussi. La scène de la Statue de la Liberté en est un bon exemple.
Le film a, bien sûr, des défauts. L'interprétation n'est pas vraiment au niveau, à mon avis. Le début est un peu trop long, mais ça me paraît presque nécessaire pour installer l'ambiance.
Bien entendu il y a un côté un peu ridicule dans l'histoire de ce cameraman amateur qu tient à tout prix à garder son caméscope au milieu de tout ce bordel, mais, bon sang, c'est quand même vachement plus immersif et angoissant que les plans bien lisses de Roland Emmerich !
En tout cas, au bout de quatre-vingts minutes de ce niveau, on ressort lessivé, épuisé, mais je garde encore, après de multiples visionnages, l'impression de voir un très grand film.

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le 24 avr. 2014

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SanFelice

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