Cobalt Blue est un film tiré du roman du même nom, l'auteur et le metteur en scène étant la même personne, à savoir, Sachin Kundalkar; cette autofiction est une lente initiation à la découverte de soi, sorte de quête identitaire, vers la liberté, qui laisse aux personnages principaux une porte ouverte sur leurs vocations véritables; l'histoire est portée par un locataire, joué par Prateik Babbar, à la plastique plus avantageuse que ne le laisserait supposer ce patronyme.
Artiste plasticien non conformiste et locataire unique arrivé au sein d'une maison de propriétaires aisés, et producteurs d'épices , il va agir comme un révélateur a-romantique au bout du compte- à moins qu'il ne soit au fond, amoureux - et permettre à 2 jumeaux, frère et soeur, pressentis pour prendre la suite de l'entreprise, d'explorer un qui-proquo amoureux pour finalement mieux voler de leurs propres ailes dans un monde dont les convenances sont encore lourdes; on pourrait croire que le pitch est à priori un peu attendu et dégoulinant de bons sentiments, ; ce serait oublier que le film se déroule en Inde, où le poids de la tradition est encore très présent pour qui aspire à dépasser les projections familiales et les convenances, pour enfin oser vivre de son talent, et prendre ses désirs en compte.
Ici, pas de travellings sur des paysages charmeurs, de paillettes, encore moins de palais bling-bling et de danses bollywoodiennes, aucun constat social sur les castes; on est loin du cliché d'habitude véhiculé par une romance indienne sur grand écran; ce quasi-huis clos invite à la lenteur méditative, ponctuée de flashbacks; la solitude des âmes est prégnante, et les aspirations se dessinent avec ce bleu de cobalt qui devient le fil rouge du film, un bleu plus intense que le ciel, une vérité crue posée sur de beaux personnages qui rêvent de devenir pleinement eux-mêmes. "Quand on aime il faut partir" écrivait Blaise Cendrars; aimer c'est peut-être, au fond, montrer à l'Autre le chemin à suivre, et s'effacer, simplement...
Assez efficaces aussi, les dialogues et la musique; en bref, une oeuvre sensible et poétique, à la photographie soignée; une fable assez originale dans son traitement, et qui ne peut laisser indifférent.