Alors qu'en 2015 Pixar bousculait à nouveau le monde de l'animation avec Vice-Versa et dans une très moindre mesure confirmait tout de même sa puissance visuelle avec Le Voyage d'Arlo, le studio à la lampe de bureau revient en 2017 avec Coco, aussi singulier qu'émouvant.
On se souvient encore de la chanson de Jessie dans Toy Story 2 qui était là pour mieux raconter l'histoire, première fois que le studio usait d'une chanson pour traduire l'émotion d'un personnage, à l'instar du studio Walt Disney qui en a fait son fer de lance. On se souvient de la narration plus adulte de Là-haut, on se rappelle aussi de la portée émotionnelle de la scène finale de Toy Story 3. Coco est un peu la somme de tout cela, mieux encore, le film reprend ce qui fonctionne le mieux chez Pixar comme pour exprimer toute l'ambition du studio et la ré-hausser encore plus pour les films futurs. Pas de doute, Coco marque un tournant dans l'histoire du studio. C'est pourquoi le film s'avère bien plus intéressant qu'il n'y paraît.
Plaçant son action dans un Mexique simple et riche en symbole à la fois, Coco prend le temps de mettre en place une histoire qui pourrait paraître banale et qui va pourtant au fur et à mesure du récit prendre une dimension bien particulière. Le film nous parle de la mort bien sûr, rien que ça. Un sujet compliqué à aborder au près des enfants, autant que celui de la dépression comme dans Vice-Versa par exemple. Mais une nouvelle fois c'est haut la main que Pixar réussi le challenge, Coco n'est pas triste malgré son sujet, il est beau c'est tout et c'est ce qui fait tout son charme. Car dans cette trame se mêlent aussi d'autres thématiques toutes aussi riches qu'importantes : la transmission, le souvenir, l'optimisme, la confiance en soi, la famille et la vie aussi. Quoi de mieux qu'un film sur la mort pour nous parler de la vie après tout ? Le Monde des Ancêtres est coloré, joyeux, ses occupants ne sont pas moroses tant que l'on se souviendra d'eux. Cet au-delà d'ailleurs ne ressemble à aucun autre.
C'est là que réside la force du film, il ne s'attache pas seulement à laisser en orbite autour de son sujet principal d'autres thématiques. Chacune à une incidence sur la trame principale. Ainsi Coco ne présente pas la mort comme une finalité mais plutôt comme une étape à franchir pour aller plus loin vers l'avenir. Un aspect fort du film parfaitement raconté à travers le folklore et la culture Mexicaine, autour du Dia de los Muertos auquel le film rend hommage (il faut bien avouer que c'est quand même plus beau que notre Toussaint ...). Mais toute cette subtilité d'écriture n'aurait pas la même saveur sans le savoir-faire visuel de Pixar qui a la justesse encore une fois de ne pas seulement mettre en avant la forme au détriment du fond. Parfois l'émotion fonctionne parce qu'elle est crédible à l'écran. C'est justement grâce à tous les petits détails sur lesquels les animateurs s'attardent que l'émotion, la vraie, prend vie dans le film. Les rides sur un visage, une lueur qui brille dans un regard, autant d'artefacts qui ont toute leur importance.
Mais n'oublions pas non plus la mise en scène et le rythme, tous deux sont ici gérés habilement. Le film prend le temps de se mettre en place, il accorde de l'importance à chaque protagonistes, principaux comme secondaires. Il laisse aussi le temps à l'émotion de s'installer grâce aux musiques et aux dialogues. Indispensable aussi, l'humour, fédérateur et utilisé ici avec parcimonie, jamais gratuitement sans pour autant rendre l'ensemble sérieux. On rit autant que l'on pleure devant Coco, pour la simple et bonne raison que Pixar fait partie de ces studios qui accordent autant d'importance à un sourire qu'à une larme. Un studio soucieux de ce qu'il présente mais aussi de ce qu'il transmet à son public. Les personnages attachants aident aussi beaucoup dans le développement du récit.
Que dire de plus alors ? Pas grand chose à part qu'il s'agit-là du plus beau film d'animation de l'année. Coco est une pure merveille. Un Pixar en état de grâce. La grâce justement, peut-être bien la marque de fabrique du studio finalement.