De la bouche même de l'auteur.

"Le film n'existe pas en lui-même,
c'est un dialogue avec le spectateur" (Michael Haneke)

• encore un doc épatant d'arte.
• il est meilleur que mes vagues notes très partielles.
• "Le déni du père est le crime de l'Autriche": ravi d'entendre de la bouche même de l'artiste, des infos et interprétations contestées parfois ici-même. Par exemple, que le papa dans 'Benny's videos' représente la mauvaise foi et le déni de l'Autriche. Haneke raconte même avoir participé à une rencontre avec des critiques et autres, qui ne parlaient du film qu'à travers le prisme de sa formidable critique "des médias" alors que lui a tenté de leur dire que dans le déni et la protection du tueur par le papa, il parlait aussi du déni et la collaboration de l'Autriche: "Personne n'a voulu parler de ça, on ne m'a parlé QUE des médias" (toujours "la même capacité" au déni).
• s'il confirme que 'Benny's vidéo' est sur la culpabilité de l'Autriche; il confirme que 'Caché' serait sur le (soi-disant) déni Français envers la guerre d'Algérie. Mais pire, par le personnage du très bon acteur Maurice Benichou, et surtout par son fils, Haneke confirme qu'il voulait surtout parler de l'impact sur "la vie des descendants" d'Algériens. (sic) On parlerait je crois de nos jours peut-être "d'un discours décolonial"?
• suivi d'un discours féministe: pour 'Ruban Blanc', on voit Haneke expliquer avec les gestes d'une pyramide et de marches vers le haut, que le film montre que "dans nos sociétés les êtres vivants les moins respectés et les plus violentés dans la hiérarchie sont les enfants et les animaux, puis arrivent les femmes et au-dessus, dominent les hommes" dans un "patriarcat" évident.
• il ne veut pas "de sentimentalisme" dit Isabelle Huppert, ce qui passe alors pour "de la froideur".
• il "ne regarde parfois pas les acteurs"; il juge leur jeu "à l'oreille" (NDLR: pas sur 'Caché' où lors d'une dispute, je trouve que Juliette Binoche sonne, pour une fois, faux).
• c'est Juliette Binoche qui le contacte et dit son admiration pour lui et son désir de jouer pour lui: ce qui "internationalisera" encore mieux désormais la filmographie de Michael Haneke.
• il dit lui-même que ses deux "guides spirituels" et modèles sont un Theodor Adorno (philosophe, "amoureux du vrai") et Robert Bresson
• Haneke a été quasi abandonné quand enfant: né en 1942, son père revient de la guerre mais pas chez eux. Sa mère, déterminée à devenir actrice, confiera toute son éducation à sa tante...qu'il finira par aider à mourir. (la fin de vie est le sujet du de son film 'Amour').
• On retrouve la détermination de sa mère, quand, passionné de musique, il joue et en compose beaucoup: mais quand son oncle lui fait comprendre qu'il ne sera jamais le meilleur dans cette art, "n'atteindra jamais le sommet", il change alors de domaine. Il est refusé comme acteur. Va suivre pendant quatre années des études de philosophie. Va fuguer à Paris par amour. En revient et commence le cinéma.

"J'espère être obscène mais pas pornographique."