Il est faux de croire que ce film est un western moderne, certes ça peut y faire penser, et on y retrouve certains éléments, mais le traitement est totalement différent. Inspiré d'un authentique fait divers qui a ensanglanté une réserve sioux Oglala du Dakota en 1975 dans les environs du site historique de Wounded Knee, lieu d'un célèbre massacre, ce film attire l'attention, par le biais d'une intrigue policière, sur les problèmes que peuvent rencontrer les Native Americans.
Au niveau de l'histoire en elle-même, c'est un excellent polar, une sorte de polar ethnique qui sert de prétexte à une sorte de brûlot, et dont le prolongement est intéressant car le film en profite pour dénoncer le désespoir, l'errance, l'alcoolisme et la misère qui rongent certaines réserves indiennes à notre époque, une minorité ethnique qui a été complètement laissée pour compte par les pouvoirs publics des Etats-Unis.
Coeur de Tonnerre devient alors un film militant où l'on voit la spoliation des Amérindiens par des compagnies privées, avec la complicité du FBI et du gouvernement, en même temps, c'est une réflexion amère sur les origines d'un immense pays dont les fondations reposent sur un génocide. J'ai toujours été sensible à ce sujet, étant passionné par la culture amérindienne, aussi j'ai pris beaucoup d'intérêt à ce film fort et grave.
Ce type de sujet a été déjà abordé dans L'Indien en 1970, où l'on voyait Anthony Quinn qui se révoltait contre l'administration américaine sur les conditions de vie lamentables de sa réserve ; ce genre de sujet est courageux mais n'a été que peu abordé au cinéma car on sent bien que c'est délicat et que c'est un sujet qui dérange les politiques. A noter que Michael Apted a réalisé en 1992 en marge de son film, le documentaire Incident à Oglala, produit par Robert Redford, qui relate les véritables faits évoqués dans Coeur de Tonnerre.