(Avis de 2008)
Première rencontre avec Shimizu et c'était vraiment pas mal.
Il s'agit d'un mélodrame encore très convenu aux situations bien balisées (la mère célibataire qui devient hôtesse pour nourrir son fils, rejeté par ses camarades de classes quand ils apprennent le métier de sa mère) mais Shimizu s'en sort admirablement au niveau de la mise en scène et de l'ambiance très pesante, constituée de longs plans dénués de toutes musiques et presque tous bruitages.
Ce vide se retrouve aussi au niveau des décors dont la grandeur écrase et étouffe ses personnages qui se retrouvent perdus grâce à une série de cadrage presque "vertical".
Ce jeu sur l'espace et le son traduit évidement le malaise et l'impuissance de la mère et son fils face à un destin qu'on devine dramatique et qui encre le film dans une réalité social assez crédible (malgré les décors studios très artificielles) à l'image de la place, tout aussi muette, que prennent les immigrés chinois.
C'est assez fort et intelligent, surtout que Shimizu ne manque pas d'idées pour faire passer sa sensibilité : la mère seule dans son appartement filmée du point du vue du lit de son fils absent, le plan récurrent de la descente d'escalier qui évoque de plus en plus une descente en enfer, l'amitié naissante entre le mère et celui qui la surveille autour d'un verre de Saké, le désarroi du fils devant sa mère qui l'accompagne dans sa nouvelle école ou ces vagabonds jouant de l'harmonica dont on ne verra jamais le visage.
Si l'histoire n'a rien au final de stimulant, le style visuel et l'humanité de Shimizu transcende le film tout en sachant que son rythme et son parti pris du vide risquent de plomber plus d'un spectateur