Un film sur l'amour fou entre un légionnaire sorti de nulle part et une chanteuse de beuglant. Voilà qui pourrait donner n'importe quoi, sauf qu'ici c'est complètement transcendé. Une photographie magnifique, il faut voir ces jeux d'ombres au début, de longs travelling comme Sternberg les adorait, une belle musique (Marlene chantant "Lorsque tout est fini…"), Et puis les acteurs sont fabuleux, Marlène bien sûr, mais aussi Gary Cooper jouant un jeu inhabituel et désinvolte. L'histoire est moins schématique qu'on ne pourrait le penser : si la jalousie de Cooper l'égare, on notera que Marlène respecte son richissime bienfaiteur, lequel n'hésite pas par amour pour elle à la rapprocher de Cooper. Notons aussi Le baiser sur la bouche que donne Marlène à une spectatrice du cabaret et qui est probablement le premier baiser lesbien public montré au cinéma. Des situations complexes, intelligentes et osées qui disparaîtront pendant 30 ans du cinéma américain avec le Code Hayes. Quant à la fin, on peut en penser ce qu'on n'en veut mais qu'on ne vienne pas me dire que ce n'est pas sublime !